# 🎤 — Let's talk

Let’s talk – Ingrid-Mery Haziot : l’Avocate avant-gardiste

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 23 janvier 2022 - 10 minutes de lecture

L’équipe d’HelloToken a le plaisir d’accueillir Maître Ingrid-Mery Haziot, fondatrice du réseau d’experts Avant-Garde Avocats, avocate spécialisée en droit de la propriété intellectuelle et droit du numérique. Passionnée d’arts (cinéma, arts, littérature, musique…) et des technologies de pointe de la communication, elle est une figure visible et audible de l’écosystème Web3 français et intervient régulièrement via des Podcasts ou publications juridiques.

Le Web3, représenté par la blockchain, Les NFT et la promesse d’un internet de la valeur sont un champ en friche pour le droit : l’éclairage d’une experte sur ce pan est crucial. HelloToken vous offre un aperçu des réflexions actuelles par le biais d’une interview.

Let’s talk !

 

🎤 Maitre Ingrid Haziot, pouvez-vous vous présenter succinctement ?

Je suis avocate au Barreau de Paris en droit du numérique et du divertissement et dirige AvantGardeAvocats, réseau d’experts juridiques de pointe au service des industries culturelles et créatives (ICC).

Spécialiste et enseignante du droit de la propriété intellectuelle depuis 20 ans, j’interviens aujourd’hui dans les secteurs de l’innovation du Web3 pour accompagner les entrepreneurs et créateurs, notamment au sein de projets recourant à la technologie Blockchain.

J’enseigne au sein du D.U du droit du numérique de Paris I La Sorbonne, pour sensibiliser les professionnels au droit émergeant de la Blockchain ; le contrat d’édition numérique au sein de l’Ecole des Métiers de l’Information et de l’Edition (EMIE), et les règles actuelles du droit d’auteur, au Centre National de la Musique (CNM).

Je suis membre contributeur de la Fédération des professionnels de la Blockchain (FFPB) en charge des industries créatives et culturelles ( ICC) et  je participe depuis 2019 aux travaux de normalisation de la Blockchain au sein de la branche française Afnor de l’ISO.

A la croisée des mondes, des époques et des disciplines, j’ai à cœur de relier les savoirs au sein d’une ingénierie juridique.

On me retrouve pour cela tous les mois sur le podcast de nftmorning.com, pour une chronique juridique mensuelle consacrée à la Blockchain appliquée aux ICC.

 

 

🧬 Quel est l’ADN d’Avant-garde Avocats, votre cabinet ?

Être visionnaire, stratège et orfèvre juridique. La ténacité, l’exigence et l’humanité, aussi.

 

🔗  Comment avez-vous découvert la blockchain et les NFT ?

J’en entendais parler depuis 2015. J’ai participé par curiosité en 2017/2018 à des évènements Blockchain et j’y ai rencontré des passionnés, issus de plusieurs horizons, de la première heure de cette technologie, qui m’ont guidé dans mon approche et mon apprentissage. Pour le parfaire, j’ai assisté à des enseignements en ligne de sites américains, participé aux réunions de normalisation, et repris un cursus universitaire dédié au droit du numérique avancé, à la Sorbonne.

Pour les NFT, ce sont essentiellement John Karp et Rémy Peretz, auteurs de « NFT, la révolution », et animateurs du podcast Nftmorning, auquel j’ai la chance de collaborer, qui m’ont donné envie de me plonger dans l’écosystème NFT début 2021.

 

Selon vous, les NFT sont-ils une révolution pour l’économie réelle et digitale ?

Les NFT sont d’abord des lignes de code incorporant des métadonnées renvoyant à un actif artistique ou autre et inscrites dans la Blockchain, il ne faut pas l’oublier. Cela bouleverse le rapport à la propriété physique et intellectuelle. Nous sommes une poignée de juristes, avocats et Professeurs de droit, à y réfléchir de manière pointue, notamment au sein du comité régulation de l’AFNOR et de la FFPB.

Oui, ils peuvent fonder une économie numérique de la valeur, de sa création à sa circulation. Nous ne sommes qu’au début d’un mouvement en construction et amélioration constantes.

 

🤨 Comment expliquez-vous l’intérêt des NFT aux personnes sceptiques ?

Je ne l’explique pas. C’est comme vouloir ne pas s’éclairer avec de l’électricité.

Je ne transmets de savoir sur la Blockchain et  les NFT qu’aux personnes ouvertes et curieuses, à ceux qui posent des questions sans certitudes vrillées dans leurs cerveaux, car moi-même je sais que je ne sais rien.

 

🎭 En qualité de professionnelle du droit mais aussi d’amatrice d’arts, quel(s) conseil(s) donneriez-vous à ceux qui commencent dans l’investissement sur les NFT ?

Ne pas commencer par l’investissement, justement.

Ne pas chercher la rentabilité immédiate, même si on peut tenter d’aller à sa rencontre.

L’investissement financier est un métier et une expertise. On ne s’improvise pas investisseur. Il faut s’investir d’abord dans un savoir économique et financier, dans une pratique des mécanismes, dans un accompagnement sérieux intellectuel et humain, pour bien débuter.

Pour le monde des arts, il faut se laisser porter par les expériences sensorielles, ludiques, évènementielles, communautaires proposées.

 

😨 La scène NFT est régulièrement pointée du doigt pour des arnaques en tout genre, qu’on appelle communément SCAM (notre invité Cryp0Celot avait parfaitement illustré le phénomène). En tant qu’avocate, que recommandez-vous à nos lecteurs pour se prémunir de tomber dans un piège ?

DYOR : Do Your Own Researches.!

Ne soyez pas un suiveur crédule mais s’informer et rester informé pour être averti, cela demande toujours des efforts.

Comme en matière de cybersécurité, il y a des réflexes à avoir pour vérifier la fiabilité d’une offre et ne pas se laisser éblouir par le vernis ou les flashs.

Il y a aujourd’hui beaucoup plus de passeurs, de tous niveaux et fiabilité, mais ceux qu’il faut suivre à mon sens, sont ceux qui sont dans l’opérationnel et l’action et construisent autant sur le terrain virtuel et réel. !

 

😎 Sous un autre angle, quel(s) conseil(s) donneriez-vous à ceux qui se lancent dans une activité professionnelle liée à la blockchain (agence de conseil, collection de NFT collectible, NFT avec une utilité tels que des P2E, services financiers etc.) ?

Se faire bien entourer et accompagner par des sachants dans les domaines concernés dès le premier moment, en early stage : technologiques, artistiques, marketing, financier, et juridique bien sûr.

Je suis chagrinée de voir que dans les recherches et annonces d’emploi dans la tech autour des projets de plateformes du Web3, on néglige complètement de s’entourer aussi de juristes ou avocats experts et autres esprits issus des sciences sociales.

Le plus gros de l’investissement en early stage, n’intègre pas assez de sachants du droit, ceux qui connaissent aussi les usages sectoriels, la soft law, les codes informels de l’ancien monde ; ils sont trop souvent intégrés en phase finale et pour une partie minoritaire, c’est dommage de se priver de leurs regards en présumant qu’ils vont être des censeurs, des empêcheurs de tourner en rond et que les lassos tournent mieux au far west…. Je suis pour leur intégration dans une approche de conformité « by design » en s’appuyant dès l’origine par leur vision d’expert.

La fiabilité et pérennité de projets Web3 vont dépendre des instruments de confiance délivrés par la technologie et le droit : par l’audit des outils blockchain, les paramètres cyber sécurité, la conformité aux règles du commerce numérique issues des règlementations internationales ( lutte contre le blanchiment et le terrorisme) et européennes (instruments financiers, données personnelles, droit de la consommation et bien sur les règles pour un renforcement de la propriété intellectuelle et  de la (re)structuration du marché des contenus).

 

❤️ Pour mieux vous connaitre, pourriez-nous vous livrer vos coups de cœur dans l’art digital ou projets blockchain ?

Je suis une enfant du cinéma de minuit et cinéphile dans tous les genres du grand ou petit écran, alors je suis particulièrement tous les projets blockchain français et internationaux dans le cinéma et l’audiovisuel. J’exerce dans le droit du cinéma depuis toujours et fréquente son milieu professionnel, j’ai donc beaucoup de repères et référents pour être clairvoyante rapidement sur ces projets. J’ai une profonde connaissance en droit de la musique qui a un besoin vital de Blockchain aussi. Enfin, je suis bien sur curieuse de la mode et vie virtuelle dans le Metavers, mais j’ai une passion pour les beaux tissus et les voyages autour du monde et je suis pas sure d’être tentée.. pour le moment.

Pour l’art digital, c’est aussi très personnel : je fais confiance à mon instinct qui me mène vers des curateurs ou des galeries émergeantes que je fréquente, par exemple à Paris : Achetez de l’Art, rue de Lappe ou HIAM, boulevard Henri 4., ou la maison de vente Fauve. Je visite les expositions temporaires de ces œuvres. J’aime bien aller à la rencontre physique des œuvres digitales avec une expérience autour de leur découverte que je poursuis après devant mon écran.

 

🌍 Plus largement, quel avenir voyez-vous pour le web3 ?

Je me contenterais de donner la tendance pour 2022 des plateformes du Web3 : l’implémentation de DAO, les expériences croisées d’IA et de Blockchain, l’utilisation du code et du clavier comme pinceau d’œuvres digitales avec des œuvres qui sont inscrites voir générés par les outils de la technologie,  et bien sûr la construction du Metavers.

Et je l’espère pour le domaine des Industries culturelles et créatives : plus de système « user centric », rémunération directe et immédiate à la consommation du produit culturel, et ingénierie de modes de financement alternatifs qui mériterait d’être plus largement soutenus en phase de recherche et développement dans ce secteur.

Nous allons aussi voir émarger le besoin et la construction d’un encadrement de confiance. Des régulations de plusieurs pays, d’abord sur le terrain de la régulation financière et fiscale, sont en cours de maturation ou d’intégration dans un corpus législatif. Je suis bien-sur ces questions de près.

 

Nous espérons que ce portrait vous a plu et qu’il a permis de vous ouvrir à la dimension juridique du Web3. Dans cette période faste, ou tout est possible, nous pensons qu’il faut aussi anticiper les changements et la structuration à venir.

La réglementation et le droit font partie de notre environnement quotidien, il s’agit d’en avoir conscience pour BUIDL de la valeur, en respectant les règles du jeu… et en les créant 😊

Dîtes nous en commentaires si cet article vous a plu et si d’autre éclairages juridiques vous intéressent !

Quelques ressources :

  • Avant-garde Avocat
  • Ingrid-Mery Haziot sur LinkedIn
  • Ingrid-Mery Haziot sur Twitter
  • Ingrid-Méry Haziot – CNM – Centre national de la musique
  • https://www.dailymotion.com/video/x84nls6
  • Preuve Blockchain : Et Si La Soft Law Était Une Première Étape ? | Actualités Du Droit | Wolters Kluwer France (actualitesdudroit.fr)
  • Maitre haziot intervient chaque mois dans la rubrique juridique du NFT Morning, que vous pouvez retrouver sur Twitter et écouter via Clubhouse en live et disponible sur toutes les plateformes de Podcasts.

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 à 16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB 🥋, Muay Thaï 🥊) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH 🤓 Trop curieux pour être simplement ce qu'on attend de moi.

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