# 🌍 — IRL

Marketing d’influence à outrance et biais cognitifs : le cas Rich Bulls

Par Crypt0celot , le 30 décembre 2021 - 9 minutes de lecture
Des Rich Bulls bannis pour être vendu sous 3ETH, avec quelques exceptions

Aujourd’hui, c’est notre invité @Crypt0celot qui prend la plume pour vous apporter son sentiment quant au marché bullish —et parfois dangereux— du marché des NFT. En guise de préliminaire, nous le citerons textuellement « Accrochez-vous bien parce qu’on va tomber dans les bas-fonds du marketing d’influence et des biais cognitifs 1« . Pour éviter les mauvais projets, prenez le temps d’apprécier cet article —son cas d’école Rich Bulls— et surtout suivez notre guide des red flags NFT.

Les NFT, rappel rapide

Exemples de NFT / PFP
Exemples de NFT / PFP

Les NFT sont des tokens non fongibles. Chaque Token étant unique, cela représente une grande opportunité pour les collectionneurs. C’est ainsi qu’ont commencé à fleurir les projets NFT que nous connaissons : BAYC, CryptoPunks, CoolCats, etc.

Au départ à but collectionnisme, le monde des NFT s’est largement diversifié. De plus en plus de projets proposent maintenant des avantages réels en plus de faire partie d’une communauté. Ces avantages peuvent aller de la possession en physique du dit NFT jusqu’à des invitations à des concerts privés d’artistes mondialement connus !

Et là on entame la partie dangereuse de l’investissement NFT qui est, à mon sens, plus dangereux que l’investissement classique.

Pourquoi est-ce aussi dangereux, voire plus, que les cryptos ?

Premièrement, créer une collection NFT n’est pas si complexe

Du graphisme, un site web, un smart-contract qui randomise les attributs de l’image et qui distribue le NFT au Minter, tout est relativement plus simple aujourd’hui qu’il y a encore 3 ans. Le reste c’est du marketing. Ce premier point est aussi la raison pour laquelle on voit fleurir énormément de projets moches sans utilité réelle. Les créateurs sont là pour l’appât du gain uniquement. Je suis dans les NFT depuis quelques mois et je pourrais vous montrer mes MP Discord…

Deuxièmement, le risque de rug est aussi important que dans l’univers crypto.

La possibilité pour les créateurs de disparaitre avec la caisse est exactement la même que pour des coins appelés « shitcoins » (vous les connaissez ceux là ? Shiba Inu ?). On observe le premier biais cognitif : « un projet NFT sur-vendu, sans réelle utilité EST un shitcoin ». Et qu’arrive-t-il à la plupart des shitcoinsIls dumpent, servent d’exit liquidity à leurs créateurs ou leurs amis. Mais encore une fois, ils pratiquent le marketing intensif et agressif. Nous verrons celant suivant.

Troisièmement, le côté enfantin de certains NFT —à collectionner— tend à minimiser le risque financier

La plupart de ces projets dangereux, qui s’apparentent à des shitcoins, ont comme ces derniers un graphisme enfantin, lisse et mignon, fait pour attirer l’acheteur et minimiser la prise de conscience du risque. Des pandas, des chats, des chiens, de toutes les couleurs, plus ou moins rares, et très inspirés de licences de dessins animés avant tout destinées à un jeune public ou à celui, plus mature, du manga et de la Japanimation.

Quelle est la cible de ce type de projet ?

  • Celles et ceux qui souhaitent intégrer —souvent anonymement pour le Web3/les NFT—  un groupe, une communauté de collectionneurs ;
  • Qui aiment rechercher et échanger des objets —ici virtuels— de collection ;
  • Qui sont animés, en partie, par la rareté ou la quantité permettant d’être reconnu par leurs pairs (l’ego du collectionneur).
  • Qui pensent, pour certaines et certains, en dépit de toute utilité du NFT, s’enrichir (ce qui n’est pas impossible dans un système pyramidal mais extrêmement dangereux) ;

Certaines licences, déclinées en jouets ou cartes à collectionner ont d’ores et déjà intégrées ces mécaniques IRL. La formule prétendument magique :

  • Susciter la surprise, la nouveauté et interpellé la curiosité ;
  • Réveiller le besoin de collectionner ou celui d’un retour aux licences de notre enfance ;
  • Se doter d’une médiatisation importante, a minima, au sein d’une typologie communautaire (coeur de cible) ;
  • Rester accessible, malgré tout ;
  • Lancer des nouveautés, des déclinaisons, constamment, sans arrêt (ex. poupées LOL ou encore les figurines Funko Pop) ;

Cet article de Jouet Club résume très bien le phénomène des jouets à collectionner : https://www.joueclub.fr/contenu/le-phenomene-des-jouets-a-collectionner.html

In fine, l’aspect enfantin de certains NFT n’est pas un hasard. Certains l’ont bien cerné et intègrent ainsi les mécaniques traditionnelles de n’importe quelle collection de jouets à leur projet — SCAM, ou non. Ils utilisent aussi et surtout le marketing d’influence (pas très qualitatif qui plus est) comme accélérateur de vente, basée sur de —trop— nombreux biais cognitifs.

Disclaimer :

Je n’ai aucun problème avec le marketing d’influence en tant que tel. Influencer un acte d’achat, bien des Entreprises le font pour des biens ou des services. Il s’agit d’un nouveau levier de prise de parole, pour les marques, à l’instar de ce que sont les leaders d’opinions dans la presse traditionnelle. Le problème, en revanche, est d’utiliser cette mécanique d’influence pour un actif à date hautement spéculatif auprès d’une communauté —en partie— apprenante.

Bien qu’il s’agisse d’un NFT —et non d’une cryptomonnaie— cela n’en est pas moins spéculatif ! Si vous, la communauté, ou les whales (les baleines propriétaires de plusieurs dizaine de NFT de la collection capables de manipuler la valeur) « dumpez » le floor price (FP, prix plancher) pour X raisons (mauvais projet, besoin de liquidité etc.), les petits acheteurs se retrouvent… sans rien ! Ce phénomène est d’autant plus violent dès lors où la whitelist permet à une partie de la communauté d’acheter des NFT en pré-vente, moins chers. L’appel au crime pyramidal.

Des exemples ? On y va !

Marketing d’influence à outrance et manipulation : Rich Bulls un cas d’école

Je vais illustrer mon propos par un projet qui utilise le marketing d’influence à outrance et la manipulation : Rich Bulls (https://richbullsclub.io). Par politesse, ne nous attardons pas sur les créateurs dont l’insolence —envers moi— et la fierté de vivre à Dubaï dépassent toute autre considération. Ce projet a mené sa campagne marketing, uniquement au travers l’influence et la manipulation (hype artificielle, manipulation des données communautaires et manipulation du prix). Il suffit d’observer les RT de certains posts où la plupart des action sont menées par des profils Twitter entre 40k et 2M de followers. Ce type d’approche, dit de hype artificielle et de publicité mensongère, est un red flag total. Vous remarquerez, que le compte n’est suivi par aucun -vrai- spécialiste de la communauté, pas un. Pas un artiste, pas un influenceur crypto. notoire. Rien.

En sus, vous découvrirez des messages trompeurs et pompeux tels que : « Just made history with a 3 ETH floor after selling out their presale » ou « Target price is 3 ETH (x10 mint Price) NEXT X100 ». Nous évoquions plus haut les biais cognitifs, décryptons ces phrases qui s’apparentent à de la publicité mensongère.

Les biais cognitifs en action

  • « Just made History » : Non. Vous pouviez Mint un @BoredApeYC pour 0.08 ETH au lancement de la collection en pré-vente (environ 180€ à l’époque). Soit 3,7 fois moins que le prix d’un Rich Bull (0.3 ETH) à la même étape. Aujourd’hui, le floor price de BAYC est à 87.99 ETH (210 000€) , celui de Rich Bull à 0.008 ETH (19€) —soit 10 fois moins que le prix des BAYC au lancement et 37,5 fois moins que leur propre prix de lancement ! Premier biais cognitif : non Rich Bull n’est pas entré dans l’histoire. Ici, la manipulation consiste à laisser penser aux derniers badauds non informés qu’ils ont loupé quelque chose de « grand, unique et important ». Objectif : provoquer le FOMO (Fear of Missing Out) ou la peur de rater une belle opportunité.
  • « After selling out their presale » : Cela ne traduit rien. Nombreux projets sont sold out en quelques minutes durant la phase de pré-vente. Rich Bull n’est en rien une exception. En revanche, nous sommes le 30 décembre 2021, 3400 NFT sur 9999 sont toujours disponibles alors que la vente publique a démarré le … 2 décembre 2021 ! Nous insistons de nouveau à un beau biais cognitif. Rich Bull tente de nous faire croire à une très forte demande et qu’il faut se ruer sur les derniers NFT avant qu’il ne soit trop tard. Objectif : FOMO bis.
  • « Target price is 3 ETH (x10 mint Price) NEXT X100 » : Non. Pour être tout à fait exact il faut comprendre : le « Selling Price Agreement » (prix auquel vous êtes supposé céder/vendre votre NFT) est de 3 ETH. Sinon ? Votre NFT est détruit et vous êtes banni de la communauté. Perte sèche pour vous : 0.3 ETH. Les créateurs, eux, garderont vos 0.3 ETH ! « Oui mais, je peux me faire 3ETH ! Où est le problème ? » Réponse simple : si vous listez votre Rich Bull à 3 ETH vous ne le vendrez jamais. Vous participez juste à la manipulation du floor price (prix plancher). Vous pouvez vérifier par vous-même sur Opensea seules trois ventes à 3 ETH ont eu lieues lors de la public sale, toutes les autres à une exception prête sont sous le Mint Price. Aujourd’hui quelques Rich Bulls —non bannis, dont l’image n’a pas été remplacée— sont à vendre bien en dessous de 3 ETH.
Des Rich Bulls bannis pour être à vendre sous 3 ETH, avec quelques exceptions
Des Rich Bulls bannis pour être à vendre sous 3 ETH, avec quelques exceptions

Conclusion : vous êtes perdants dans tous les cas ! Vous ne vendrez pas à 3ETH et si vous essayez de vendre en dessous de ce prix vous en perdez 0.3 … !

Et Rich Bulls dans tout ça ?

Alors que vous êtes perdants dans tous les cas, le grand gagnant est bien —malhonnêtement été malheureusement— Rich Bull. Grace à un marketing d’influence à outrance, des messages trompeurs et une grande manipulation, le projet tente de provoquer un phénomène de FOMO exacerbé. La cible ? Les nouveaux arrivants, celles et ceux qui ne connaissent pas suffisamment les red flags des projets NFT, les plus jeunes qui rêvent d’un gros coup etc. Pour mémoire, 3400 * 0,3 ETH = 1020 ETH, soit 4M$ à fin décembre 2021. Et lorsque Red Bull est interpellé par la communauté, la réponse lunaire est sans équivoque :

Restez à l’abri de ces projets toxiques et manipulateurs qui desservent l’ensemble des professions du digital et n’hésitez pas à partager vos doutes, questions ou remarques en commentaires.


1 Un biais cognitif est une distorsion dans le traitement cognitif d’une information. Le terme biais fait référence à une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité.

Crypt0celot

Je passe mon temps sur les courbes pour économiser le vôtre. Ni Bear, ni Bull, je suis prudent. $BTC $SOL $CHZ $VET Not Financial Advises.

Voir les publications de l'auteur

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera révisé par les administrateurs si besoin.