# 🎤 — Let's talk

Let’s talk – Dimitri Daniloff : Dans l’œil des NFT

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 29 septembre 2022 - 11 minutes de lecture

HelloToken a rencontré Dimitri Daniloff, grand photographe français, à la carrière florissante. Il a travaillé avec les marques et les organisations les plus prestigieuses : Playstation, Lenovo, Honda, Nissan, Campari, Best Buy ou encore, Amnesty International.

Sa découverte de la blockchain et des NFT a été révélatrice, concomitamment à la découverte de la photogrammétrie.

Nous avons eu un échange passionnant avec un évangéliste convaincu des NFT, curieux depuis toujours.

C’est cette ouverture d’esprit que nous cultivons sur HelloToken et nous espérons que l’entretien suivant vous passionnera autant. Let’s Talk avec Dimitri Daniloff !

Let’s Talk ! feat. Dimitri Daniloff

Dimitri, peux-tu te présenter succinctement ?

Je suis photographe depuis 1988 et j’ai commencé à la chambre 4×5, en faisant une photo à la fois, vraiment old school. Dès 1999, j’ai fait ma première campagne pour Marithé et François Girbaud, une des grandes marques de jeans à cette période.

« Learning to fly » – 1999 par Dimitri Daniloff

J’ai shooté des personnes avec des ailes ultra technologiques mais à l’époque, on les avait entièrement fait fabriquer par des architectes, via des logiciels d’architecture. Il a fallu tout imprimer, couper, assembler, coller etc… de vrais effets spéciaux à la main. C’était mes premiers montages avant Photoshop !

 En 2002, j’ai commencé la photo numérique à une époque où mes confrères me rétorquaient « la qualité d’image est pourrie en numérique ».

C’est alors que j’ai gagné le grand prix de Canne pour Playstation… shooté en numérique ! J’ai ainsi démontré que si l’image avait gagné un prix, ce n’est pas seulement pour la réalisation, mais aussi pour le côté technique, la qualité de l’image : une image numérique pouvait être aussi bien qu’une image analogique.

En fait, je suis un vrai digital native 😊

« M. Patate » – 2004 par Dimitri Daniloff

De 2002 à 2012, je passais mon temps entre Paris, NYC, Londres, Tokyo, Hong-Kong. J’ai eu la chance de travailler pour de grandes marques, avec une liberté totale dans mon travail. Je pouvais raconter les histoires comme je le voulais, avec l’équipe que j’avais choisie (j’ai même refusé une campagne photo dont la partie film était réalisée par David Cronenberg.😆).

Dès 2005, j’ai intégré la 3D dans mon travail. A cette époque, on l’utilisait beaucoup dans les films, pas du tout dans les photos.

Puis, j’ai connu une période plus difficile, où mon travail plaisait moins. Ce fut une période de doute mais j’ai continué et notamment persévéré dans mes expérimentations et mes recherches sur l’image.

Comment as-tu découvert la blockchain et les NFT ?

J’ai connu ces notions en 2019, via un ami qui était déjà dans les NFT. C’est venu au détour d’une conversation au cours de laquelle il m’a dit :

 « Mais Dimitri, je viens de découvrir que c’est toi qui as fait la série sur Daft Punk ?! Et celles avec Playstation aussi ?!

C’est dingue, je les connais depuis des années et je ne savais que c’était toi »

Alors qu’on se connait bien ! J’ai découvert que mon travail était partout sur le net. Il continuait à être enseigné à l’école des Gobelins alors que j’y avais assuré quelques interventions des années auparavant.

Série « The Keeper » – 2004 par Dimitri Daniloff, Mintée sur Super Rare en 1:1

Ma série sur les Daft Punk a été un révélateur : j’ai shooté ces photos en 2008, sur un thème « hommage » à la couverture de l’album « Heroes » de David Bowie. Le commanditaire était un petit magazine indépendant américain, qui avait très peu de moyens. Ils avaient convaincu le groupe et moi et on a sorti cette série qui, en toute humilité, est devenue célèbre.

En 2014, David Bowie a gagné un prix au London Music Week Award et il a utilisé ma photo sur son compte Facebook. L’image a été vue par des millions de personnes ! De plus, mes photos sont utilisées comme fonds d’écrans par les fans de Daft Punk et de David Bowie. J’ai aussi été publié chez Pitchwork et même rencontré un street-artist qui a peint mon travail sur un mur gigantesque !

Sauf qu’à chaque fois… mon nom n’apparaissait plus.

Internet m’avait dépossédé de mon travail.

Mon ami m’expliqua alors ces technologies et c’est ainsi que je suis entré dans le Web3. La blockchain et les NFT, ça a été le moyen pour me réapproprier mes images.

Comment expliques-tu l’intérêt des NFT aux personnes sceptiques, notamment aux photographes ?

Pour moi, c’est le moyen de revendiquer son travail, notamment pour les photographes et plus largement, les artistes numériques.

En tant qu’artiste, photographe, en quoi les NFT sont-ils l’avenir du secteur ?

La notion d’authenticité est clé, notamment pour les œuvres numériques.

J’ai en fait l’expérience : avant les NFT, plus une image était copiée, plus elle prenait de valeur, mais plus son auteur disparaissait.

Grâce aux NFT, le rapport s’inverse totalement : même en dehors d’une œuvre 1:1 (NDLR : 1:1 ou « One for One » est une œuvre unique), plus une image est diffusée, plus le NFT prend de la valeur. En effet, si une photo devient populaire, plus le JPEG sera copié. Cependant, la supply du NFT restera comme définie à l’origine et les propriétaires pourront toujours le revendiquer.

Cela redistribue les notions de communauté, des relations directes entre artistes et collectionneurs mais aussi, le rôle des galeries et des curateurs.

Pour mieux te connaitre, peux-tu nous livrer tes coups de cœur Web3/NFT ?

J’aime beaucoup le travail de Martina Menegon, Fransceca Fini, Claudia Braileanu ou encore Sky Goodman. Maintenant, je collectionne pas mal d’artistes et j’ai un vrai faible pour l’écosystème Tezos, qui regroupent beaucoup d’artistes qui me plaisent.

Comment un artiste confirmé comme toi a fait ses premiers pas dans les NFT ?

Effectivement, j’ai déjà une carrière et des archives importantes.

J’ai simplement* contacté SuperRare pour leur proposer de minter ma série avec Daft Punk, qui est maintenant ma collection Genesis NFT (NDLR : on appelle une collection « Genesis », la toute première collection d’un artiste/projet. En général, elle a souvent une valeur et/ou une utilité importante pour les collectionneurs ou en termes d’usage).

Série « The Keeper » – 2004 par Dimitri Daniloff, Mintée sur Super Rare en 1:1

Actuellement, je travaille sur un projet qui permettra aux photographes de valoriser leurs archives sous forme de NFT. J’ai eu des moments de galère et j’aimerai aider mes pairs en facilitant la monétisation de leur travail. Il s’agit de « Live The Life », dont le lancement sera officiel en octobre 2022.

Je continue à valoriser mon travail déjà réalisé et je continue mon exploration de la photo et de l’image, notamment avec la photogrammétrie.

*Notons que SuperRare est une plateforme très sélective et que le processus de sélection est difficile.

Parlons de la photogrammétrie. Qu’est-ce que c’est et pourquoi cela te passionne ?

J’ai découvert la photogrammétrie il y a 4 ans, presque par hasard. C’est une technique de scan d’objet réel via une multitude de photos. La photogrammétrie permet de créer une immense possibilité d’images, en un scan. Je capture le réel pour le décliner quasiment à l’infini et en volume. Il suffit de modifier l’angle, l’exposition, l’environnement pour avoir une nouvelle photo.

Je précise que je ne suis pas drivé par la technologie, elle n’est qu’une réponse à mes problèmes. Par exemple, quand j’ai commencé Photoshop, c’est parce que le logiciel me permettait de traduire ma créativité en image, pas l’inverse.

A mon avis, la photogrammétrie est une réponse aux besoins que rencontre le monde de la photo et de l’image en général. Quand les professionnels comprendront la puissance de la photogrammétrie, ils demanderont un scan plutôt qu’une photo d’un flacon de parfum ou d’un meuble par exemple. Car la photo, il faut la renouveler tous les 3 à 6 mois pour un catalogue, alors que le scan est potentiellement illimité pour créer du contenu.

Tu nous parles de Klone.es ?

Klone.es est justement ma réponse à ce besoin : c’est une entreprise qui propose des services de photogrammétrie à des clients, souvent de grandes marques comme Adidas par exemple.

Il m’apparait important d’apporter cette solution et surtout, que les photographes aient conscience de cette évolution. Sinon, la photogrammétrie risque d’être réalisée par des techniciens, en excluant la créativité. Sans l’œil du photographe, on risque de tomber dans une réalisation plate, sans saveur.

Pour mes clients, il s’agit d’avoir une prestation globale : pointue en termes de technologie et d’expérience artistique.

Ta passion pour le numérique t’a également très vite fait apprécier l’affichage de photo en dehors des tirages. Quel intérêt portes-tu aux metaverse, à la Réalité Augmentée et Virtuelle ?

Depuis le début des années 2000, je regarde des photos sur écran, ça me parait normal. En plus, l’écran est flatteur pour l’image. Un tirage classique de mauvaise qualité ne rend pas hommage à une œuvre.

Bien sûr, je suis de près les initiatives de galeries virtuelles que je trouve particulièrement intéressantes.

Mais au-delà de l’art, je pense que c’est tout un pan de nos souvenirs qui va se transformer. Par exemple, à terme, on peut imaginer que l’on possède tous l’équivalent du « grenier de nos grands-parents » sous format numérique. On y stockera tous nos souvenirs en 3D dans le musée de notre vie : gâteau de mariage, la première paire de chaussure de ton enfant, ton visage à différents âges de la vie etc… Un peu comme nos vieilles photos de famille, mais dans un environnement immersif, mis en scène.

Un dernier mot pour terminer ?

J’entends beaucoup de réticences liées à l’environnement, aux arnaques, hacks et à la spéculation. Sur la pollution numérique, le passage au PoS d’Ethereum est une très belle avancée, même si Tezos était déjà basé sur ce consensus.

Et ce n’est pas parce que l’écosystème a des failles, que la technologie ne vaut pas la peine. La blockchain, les NFT, les cryptos, ce sont des technologies au service des photographes, qui apportent de la valeur ajoutée. Emparons-nous de cette technologie pour tous les artistes numériques ! Vous pourrez ainsi partager vos travaux, laisser circuler l’information et la monétiser. Ce qui n’était pas possible avant.

Conclusion

Au terme de ce passionnant échange, il apparait évident que les NFT feront partie intégrante de la panoplie des photographes et plus largement, de tout créateur numérique.

Cet outil permet de s’approprier une création sans équivoque, dans un monde sans frontière où, jusqu’alors, il était quasiment impossible de le faire.

Par son vécu, Dimitri incarne parfaitement l’évolution d’un créateur en phase avec son temps. Curieux plutôt que méfiant, souvent à la pointe, il utilise la technologie comme un moyen, pas une fin.

Lien(s) utile(s)

Site internet officiel

Twitter : @dimitridaniloff

Instagram : @dimitridaniloff + @dimitri_daniloff_archives

Site internet de la plateforme « Live the Life »

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 à 16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB 🥋, Muay Thaï 🥊) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH 🤓 Trop curieux pour être simplement ce qu'on attend de moi.

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