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Let’s Talk – GĂ©raldine Karolyi : la passion du design

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 24 octobre 2022 - 11 minutes de lecture

Fondatrice de l’agence de brand design 17mars, GĂ©raldine Karolyi rĂ©pond Ă  des clients prestigieux depuis plus de 20 ans. Si les solutions proposĂ©es sont absolument design, alliant esthĂ©tique et fonctionnalitĂ©, GĂ©raldine n’oublie pas pour autant ce qui l’anime depuis toujours : la crĂ©ation artistique pure. AprĂšs avoir fait ses armes Ă  la tĂ©lĂ©vision, 17mars s’adresse aujourd’hui Ă  tous les secteurs en tant qu’experte de la marque en mouvement et des nouveaux contenus digitaux.

En 2021, la hype des NFT et du mĂ©tavers ont plongĂ© GĂ©raldine dans le Web3 au point de la dĂ©cider Ă  crĂ©er « 1703 », hub d’art numĂ©rique destinĂ© Ă  fĂ©dĂ©rer les marques et les artistes autour de projets ambitieux et singuliers.

Avec beaucoup d’énergie, d’ambition, mais aussi d’humilitĂ© et d’authenticitĂ©, nous avons parlĂ© d’art, de Web3, et de leurs implications pour le design et le branding.

17mars teste ses dĂ©cors virtuels XR, prĂ©figuration d’espaces MĂ©tavers, sur le plateau PRG Ă  Epinay.

Let’s talk ! Feat. GĂ©raldine Karolyi

Géraldine, peux-tu te présenter succinctement ?

Bonjour, je suis GĂ©raldine Karolyi, je suis la fondatrice et la directrice de crĂ©ation de l’agence de design de marque 17mars. J’ai Ă©tudiĂ© les Arts appliquĂ©s Ă  l’école Penninghen, Ă  Paris. Je travaille depuis plus de 20 ans dans le secteur des mĂ©dias et de la communication. Je me passionne pour les interconnections entre l’art et le design, leur rapport Ă  la sociĂ©tĂ©, leur nĂ©cessitĂ©, le processus crĂ©atif.

Comment as-tu découvert la blockchain et les NFT ?

C’est un premier projet que nous avons rĂ©alisĂ© pour Ledger qui m’a mis le pied Ă  l’étrier. Et en tant que designer, je ne peux pas m’engager auprĂšs d’un client sans comprendre son mĂ©tier et son Ă©cosystĂšme.

Je me suis ensuite beaucoup documentĂ©e pour intĂ©grer ce qu’implique la blockchain dans mon domaine : la crĂ©ation visuelle. Faire la part des choses entre ce qui relĂšve fondamentalement du punk, de la spĂ©culation ou de l’amour de l’art.

Comment expliques-tu l’intĂ©rĂȘt des NFT aux personnes sceptiques ?

Expliquer l’intĂ©rĂȘt d’un contrat ou d’une transaction ne me passionne pas plus que ça !! Je prĂ©fĂšre parler du phĂ©nomĂšne NFT comme d’un coup de projecteur sur le travail des artistes numĂ©riques, jusqu’ici nĂ©gligĂ©s par le marchĂ© de l’art.

Mais ce qui me concerne plus directement en tant que designer, c’est le deuxiĂšme impact de ce coup de projecteur : l’intĂ©rĂȘt que les arts numĂ©riques suscitent chez les marques. Ces derniĂšres ont les moyens de soutenir des artistes et de contribuer Ă  la diffusion de la culture artistique en gĂ©nĂ©ral.

Plus largement, qu’est-ce que le Web3 de ton point de vue ?

C’est l’annonce d’une Ă©tape majeure dans le dĂ©veloppement des moyens nous permettant d’accĂ©der Ă  la connaissance, qui se caractĂ©rise notamment par les interconnections entre l’homme la technologie. En ce sens, je partage le point de vue de certains qui le comparent Ă  une seconde Renaissance : comme si la vitesse des processeurs avait remplacĂ© la presse de Gutenberg.

Mais cette accĂ©lĂ©ration exponentielle de la tech, qui nous invite Ă  basculer dans une autre dimension, n’est pas sans impact sur notre cerveau, notre quotidien, et la planĂšte.

Le Web3 est donc avant tout une grande question ! Chaque jour, nous choisissons un peu plus ce Ă  quoi nous voulons que ressemble notre monde demain. Pour ma part je m’engage pour la valorisation des mĂ©tiers de designer et d’artiste ; dans cette construction nouvelle, nous sommes tout autant artisans que chercheurs. Nous Ɠuvrons pour simplifier les usages, rĂ©vĂ©ler les Ă©motions, Ă©veiller les esprits.

Le mouvement actuel repousse les murs et les limites de la crĂ©ation. Je veux parler du design des interfaces et des espaces mais aussi des nouvelles perspectives qui s’ouvrent pour les artistes. Ce que je souhaite, c’est sensibiliser les marques Ă  l’intĂ©rĂȘt de travailler avec les designers et les artistes dans une optique Web3 : les uns et les autres peuvent se retrouver autour d’un mĂȘme message, tant sur le fond que sur la forme. Si l’objectif du travail du designer est d’ĂȘtre beau et efficace, l’artiste lui a le courage d’exprimer un point de vue, ce qui me semble vital d’un point de vue sociĂ©tal.

Quelques rĂ©fĂ©rences de l’agence 17mars.

Pour mieux te connaitre, peux-tu nous livrer tes coups de cƓur Web3/NFT etc. ?

Je suis particuliĂšrement touchĂ©e par les artistes numĂ©riques chez qui je dĂ©cĂšle une pratique picturale ou plastique, parce que c’est de lĂ  d’oĂč je viens. Je m’intĂ©resse à la façon dont la tech vient transcender le geste et le message.

Minter une Ɠuvre sur la blockchain a une rĂ©sonnance particuliĂšre. A la notion de propriĂ©tĂ©, s’ajoute celle d’éternitĂ©. Quand le street artiste Pascal Boyart photographie et anime ses Ɠuvres pour les convertir en NFT, il questionne aussi la fragilitĂ© d’une fresque murale vouĂ©e Ă  disparaĂźtre. 

CĂŽtĂ© collection, j’ai apprĂ©ciĂ© Pixel Blossom dont le principe consistait Ă  rĂ©vĂ©ler progressivement l’Ɠuvre mintĂ©e, pixel par pixel, jour aprĂšs jour. La question du temps et du dĂ©sir est pour moi fondamentale, dans l’art comme dans la vie. Je trouve donc ce concept trĂšs pertinent et d’une grande poĂ©sie. 

Enfin, j’ai un faible pour l’art gĂ©nĂ©ratif : je fais le grand Ă©cart entre Vera Molnar et Joshua Davis, en passant par Monica Rizzoli ou William Mapan que j’ai dĂ©couverts au Nft-in cet automne. CĂŽtĂ© plateforme, ma prĂ©fĂ©rence va donc Ă  Art Blocks. CĂŽtĂ© collections, il ne faut pas manquer l’hommage rendu Ă  Herbert W. Franke ! L’occasion pour Jeff Davis de droper la superbe sĂ©rie Rectangles (for Herbert).

En tant que designer expérimentée, pourquoi le Web3 va-t-il marquer durablement les marques ?

N’est-ce pas plutĂŽt l’inverse ? C’est parce que les marques choisiront des designers expĂ©rimentĂ©s et des artistes visionnaires pour y faire leurs premiers pas qu’elles marqueront durablement le Web3 😉

Avant d’ĂȘtre designer, tu es avant tout une artiste. Comment rĂ©concilier la passion de crĂ©er avec le besoin d’utilitĂ© du design ?

C’est la question Ă  laquelle je tĂąche de rĂ©pondre tous les jours : j’aborde chaque brief client en considĂ©rant son besoin, sans nĂ©gliger mon ambition crĂ©ative, qui reste au cƓur de mon mĂ©tier de designer.

J’engage nĂ©anmoins en marge des travaux de commande de l’agence de nombreux projets de crĂ©ation et d’expĂ©rimentation. Grande source de cohĂ©sion et d’inspiration, ces dĂ©veloppements sont moteurs pour l’équipe et me permettent d’aiguiser ma vision.

Concilier crĂ©ation et utilitĂ©, c’est aussi entreprendre
 Depuis toute petite, je m’alimente d’une mixitĂ© forte : culturelle, sociale, familiale, artistique. Le principal hĂ©ritage de tout cela est une forme d’énergie crĂ©ative. C’est sans doute ce qui m’a poussĂ© il y a plus de 20 ans Ă  crĂ©er mon propre studio de crĂ©ation, devenu une agence de design de marque : 17mars, design for brands. Et Ă  crĂ©er aujourd’hui 1703, art for brands, un hub dĂ©diĂ© aux arts numĂ©riques. Brasser les Ă©nergies et les influences est ce qui m’anime.

Enfin, je dĂ©veloppe Ă©galement des projets Ă  titre personnel, oĂč la part artistique et intime domine.

Hasard Organique. Design procédural, mouvement perpétuel. ©17mars/17lab

Pourquoi, malgrĂ© sa prĂ©pondĂ©rance dans tous les mĂ©dias depuis plus de 20 ans (print, TV, cinĂ©ma, internet, clips vidĂ©o, concerts), l’art numĂ©rique n’a pas encore acquis ses lettres de noblesse ?

L’art numĂ©rique existe depuis une soixantaine d’annĂ©e. Il a toujours Ă©tĂ© prĂ©sent dans les musĂ©es, les festivals et les Ă©vĂ©nements, mais il est vrai qu’il n’a jamais vraiment intĂ©ressĂ© les collectionneurs, Ă  cause des dĂ©fis que reprĂ©sentent sa prĂ©sentation, son exposition ou sa conservation. De plus il n’était alors pas toujours facile d’approche, parce que trĂšs conceptuel.

Ce qu’on retrouve, comme vous le dites, dans de nombreux supports, sous une forme plus attractive et accessible, n’est pas Ă  proprement parler de l’art, parce qu’il a un rĂŽle fonctionnel ou commercial : les spectateurs voient avant tout des images, ou des animations. C’est l’ambiguĂŻtĂ© de l’art graphique, qui est considĂ©rĂ© comme un art mineur (ou art appliquĂ©) : on lui prĂ©fĂšre donc le terme de design graphique, ou de motion design.

Aujourd’hui le phĂ©nomĂšne NFT met en lumiĂšre le travail et de certains de ces designers et artistes en leur permettant d’exister sur le marchĂ© de l’art, de s’émanciper du cadre de la commande. Les supports d’exposition sont dĂ©sormais multiples et accessibles.

Mais tout cela est trĂšs rĂ©cent : la technologie NFT, qui concourt Ă  donner ses lettres de noblesse Ă  l’art numĂ©rique n’a que quelques annĂ©es, et son explosion est relativement rĂ©cente. Or il faut du temps pour sensibiliser les publics et les institutions qui fonctionnent selon des temporalitĂ©s bien diffĂ©rentes. Ceci dit, la dynamique est lancĂ©e : de plus en plus de musĂ©es se targuent d’avoir acquis une Ɠuvre NFT, la plupart des grandes maisons de ventes aux enchĂšres ont ouvert un dĂ©partement d’art « numĂ©rique » (comprendre NFT) et les univers immersifs se multiplient


L’art numĂ©rique a de trĂšs belles annĂ©es devant lui, et je souhaite y contribuer !

Strange Garden – Lila. Projet d’affiche, design procĂ©dural interactif. ©17mars/17lab

 

Dans une tribune publiĂ©e le 15/09/2022 chez stratĂ©gie.fr, il est mentionnĂ© « En s’appropriant les nouveaux codes liĂ©s Ă  l’ultra-numĂ©rique, les marques s’intĂ©ressent et s’associent aux nouvelles formes d’expressions artistiques. » : peux-tu nous parler de ces nouveaux codes de l’ultra-numĂ©rique ?

Je voudrais parler de la digitalisation des usages et des espaces, que l’expĂ©rience soit IRL ou virtuelle. Petit Ă  petit, la tech habite notre quotidien : nous disposons de nouveaux outils pour consommer de nouveaux produits dans de nouveaux espaces
Tout est nouveau !

Le designer a donc fort Ă  faire : il dessine l’interface, il dĂ©finit le systĂšme et l’artiste enrichit l’expĂ©rience.

Quel(s) conseil(s) peux-tu donner aux marques face à ces changements ?

Il y a quelques annĂ©es, 17mars a publiĂ© une annonce presse dont l’accroche Ă©tait « We are hiring brave clients »  Cela a pris un peu de temps, mais je suis heureuse de compter aujourd’hui parmi nos clients des marques qui challengent notre crĂ©ativitĂ© et qui ont les moyens de leurs ambitions. Ce qui m’enchante car chez 17mars, nous ne nous rĂ©alisons pleinement qu’en relevant de grands dĂ©fis. Je donne donc aux marques le mĂȘme conseil qu’à mes Ă©quipes : travaillons, soyons dĂ©terminĂ©s Ă  faire le pas de cĂŽtĂ© qui transcende, pour ensemble conquĂ©rir et cultiver le meilleur du Web3.

Conclusion

Le point de vue de GĂ©raldine Karolyi, entre rĂ©ponse fonctionnelle du designer et besoin d’expression vital de l’artiste, est trĂšs Ă©clairant. Sa pratique, largement crĂ©ative et toujours en collaboration avec son Ă©quipe et ses clients, rĂ©concilie ces deux aspects.

L’émergence du Web3 est un tournant majeur pour les crĂ©atifs et les designers qui peuvent profiter de ce Ă©lan pour s’engager dans des voies plus audacieuses.

GĂ©raldine en est convaincue : c’est le moment !

Lien(s) utile(s)

Site officiel de 17mars

Site officiel de 1703

Tribune du 15/09/2022 chez stratégie.fr

Le talk de GĂ©raldine Karolyi lors du Motion Plus Design Ă  Paris, en 2020

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 Ă  16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB đŸ„‹, Muay ThaĂŻ đŸ„Š) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH đŸ€“ Trop curieux pour ĂȘtre simplement ce qu'on attend de moi.

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