# 🎤 — Let's talk

Let’s talk – Lapin Mignon : Une OG du Crypto-Art

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 17 mai 2022 - 14 minutes de lecture

Au gré de nos pérégrinations sur Twitter, nous faisons parfois de belles rencontres.

Lors d’un jour historique pour les français (élections présidentielles 2022), un airdrop d’une « œuvre à jeter » dénommée « TrashMarine 2022 » nous a interpellée… surtout venant d’une artiste qui s’appelle « Lapin Mignon ». Commenté d’un « This not about politics, it’s about democracy », il n’en fallait pas plus pour nous donner envie de la connaitre.

Nous avons alors découvert un univers aux œuvres poétiques, colorées, réalisées avec beaucoup d’amour. En parallèle, à force de digger son travail, nous avons découvert… une véritable OG (« Original Gangster », c’est-à-dire un vétéran, un précurseur) du Crypto-Art. Il n’en fallait pas plus pour transformer un simple coup de cœur artistique en un « let’s talk » passionnant et sincère 😃

Qui est Lapin Mignon ?

Du collège à la terminale, notre lapine suivait des enseignements d’arts plastiques. Issue d’une famille d’artistes non-assumés, au moment d’entrer dans le supérieur, la raison finira par l’emporter sur le cœur. Elle suivra la voie classique des études supérieures, puis de la carrière des cadres d’entreprises : Master II en Marketing, très solide expérience de plus de 15 ans dans l’automobile de luxe (la marque anglaise au 🐆).

Cependant, créative depuis toujours, elle gardera la flamme pour l’art et la réservera à ses activités personnelles. En 2019, souhaitant reprendre des études d’arts, elle se rapprochera de son amie de longue date, Fanny Lakoubay, pour avoir des conseils.

Celle-ci lui donnera un seul conseil, mais sûrement le meilleur : « tu n’as pas besoin de cours,  fais toi confiance ». Puis « lance toi sur les NFT, on peut diffuser son art via la blockchain. Il y a une super communauté et tu pourras même échanger tes œuvres » (OK, ça fait 2 conseils).

Ainsi, notre artiste léporidé commence à minter ses œuvres et entre dans la petite famille des crypto-artists de l’époque. « On était une centaine et on s’échangeait gratuitement nos œuvres » : je vous parle d’un temps, que les moins de 6 mois ne peuvent connaitre… 🎶

3 ans après, elle est plus que jamais dans le game, avec des idées toujours innovantes et veut pousser les limites de l’art IRL (« In Real Life ») et du digital. Devenue artiste à temps-plein et forte de ces années « hippies » des NFT, elle nous a accordé une entrevue que nous sommes ravis de vous partager.

The (Little) Fool

Let’s talk !

🎤 Lapin Mignon, peux-tu te présenter succinctement ?

« Bonjour à tous ! Je n’ai jamais été douée pour être succincte… et c’est peu dire.

Il y a 3 vies dans ma vie : celle d’une maman de deux petits loups de 2 et 5 ans, celle d’une professionnelle du Marketing et de l’Industrie et celle d’une Crypto-Artist qui est tombée dans la marmite en 2019… un peu par accident, car je n’avais rien à voir du tout avec le monde de la tech ou des cryptos ! C’était par simple amour et besoin de plus de créativité dans ma vie. »

🔗 Comment as-tu découvert la blockchain et les NFT ?

« En 2019, j’étais au bord du Bored-Out (et ça n’a rien à voir avec le Bored Ape Yatch Club 😆). J’avais un travail que j’aimais mais il me manquait quelque chose. Je ne pouvais plus taire toute cette créativité en ébullition en moi. Un jour, j’ai senti les méandres des grandes organisations kafkaïennes me paralyser et me rendre comme une véritable « Gratte-papier ». En parallèle, le souvenir de mon abandon des études d’art à 17 ans me hantait… »

« … Et ce jour de 2019, j’ai envoyé un texto à une copine qui avait fait ses études d’Art en suivant des cours du soir, Fanny Lakoubay, en lui demandant des conseils. C’est là qu’elle m’a envoyé ce fameux lien vers Editional. Ce qui est intéressant, c’est que je faisais partie des très rares dans le monde du NFT, à n’avoir aucun lien avec la Crypto ou la Tech… J’étais la nana qui arrive avec ses petites aquarelles, dans un monde où une poignée d’artistes (moins de 100 dans le monde à mi-2019) testait le « Crypto-Art ». On avait aucune idée de ce qu’on faisait, même si d’autres artistes avaient cette fascination pour la Blockchain. Il y avait des conversations passionnantes… sauf que je ne pigeais rien !! Il n’y avait pas de tutos à cette époque, je naviguais en plein brouillard. »

« Editional avait une longueur d’avance, un équivalent d’Instragram. Quand tu te loguais la première fois, on te donnait une seed phrase avec plein de warning ⚠️ A nouveau, je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait. J’ai bien failli perdre mes précieux mots plus d’une fois !! Quand l’app a disparu, nos NFTs ont été transférés sur Opensea (merci la Blockchain !).

Aquabizzare – Editional Edition (2019)

Il m’a fallu des mois pour me motiver à aller sur une autre plateforme et mieux comprendre les NFT pour m’engager dans une communauté plus large qu’en Mai 2019 (merci à Abysms, un artiste de la Communauté Editional, qui m’a prise par la main) : bref un saut dans l’inconnu pour la 2ème fois 😱

« En Juillet 2020, plus d’un an après mon incursion, j’ai vendu mon premier NFT à 0.7ETH ($220 environ à cette époque) à, le non moins prestigieux, Mario Klingemann (Quasimondo), quelques heures après l’avoir listé ! »

« Là, c’est l’euphorie ! Ce sentiment que mon travail a une valeur est indescriptible. J’ai tout de suite envoyé un texto à mes parents ! C’était un peu comme « Okay, je n’ai pas fait une école d’Art, mais au final, j’y suis arrivée. On a eu raison, ce parcours était peut-être le bon » »

🎨 Quelle est ta définition du crypto-art ?

« Le Crypto-Art, dans les termes et sa définition la plus simple, c’est la technologie, celle du NFT et de la Blockchain, qui viennent authentifier un œuvre. Ni plus, ni moins. De l’Art encrypté sur la Blockchain, à la manière d’un Bitcoin. »

« Donc, le Crypto-Art, est une catégorie de NFT. D’ailleurs l’Art, même si on ne parle quasiment que de ça dans les médias, ce n’est que 16% des dépenses NFT en 2021 (Non Fungible Report 2022). »

 « Après, il y a un aspect sociétal et culturel qui s’est cristallisé autour du Crypto-Art et qui a été magnifié par Twitter. C’est là que tout le Crypto-Art se retrouve en communauté. Le Crypto-Art a créé un véritable mouvement de fond, qui démocratise la notion d’Artiste. Il y a beaucoup de détracteurs et n’en déplaise au vieux monde, un artiste n’est pas un titre que l’on obtient à travers un diplôme ou un système de curation. Le Crypto-Artist est un créateur. Peu importe son passé, ce qui importe, c’est son talent et sa capacité à s’intégrer dans la Communauté. »

AquaBizarre #16

🖌️ Comment définis-tu ton style, tes travaux ?

« Question compliquée car je ne prends aucun recul sur ce que je fais.

 Je fais ce que j’aime faire, je suis comme mes enfants quand ils peignent. Ils cherchent le plaisir de faire, de voir les couleurs se mélanger, le papier se couvrir. C’est un plaisir de l’instant. Avec mes crayons à encres et mon aquarelle, je passe de l’art illustratif, très enfantin, à un art plus abstrait et poétique. Mais il y a toujours quelque chose d’optimiste et joyeux : c’est ma bulle. »

« Aussi, je suis la première aquarelliste du Crypto-Art : c’est drôle ça. »

🧠 Comment la blockchain et le mouvement crypto-art influencent tes travaux ? Y at-il eu un avant/après NFT pour Lapin Mignon en termes de réalisation ?

« Oui, il y a clairement un après. Dans un premier temps, j’ose ! C’est quelque chose de nouveau car précédemment, j’étais dans la peur du jugement. Avec le Crypto-Art, j’ai trouvé une liberté, une audience avec qui je résonne. Dans un second temps, j’ose pour aller plus loin ! J’ai l’impression que tout est possible, alors qu’avant, je me disais que je n’en étais pas capable. J’ai beaucoup grandi là-dessus et je le dois au Crypto-Art. »

« Techniquement, j’ai grandi aussi. Même si j’ai toujours été fascinée par l’Art Digital, je pensais que ce n’était pas pour moi. En entrant dans le Crytopt-Art, j’étais entourée d’artistes qui faisaient de la 3D, du GAN Art, des GIFs, du Génératif, du Glitch art… On a donc collaboré ensemble. Peu à peu, j’ai digitalisé mon travail, joué avec les couleurs et les vecteurs, puis j’ai animé mes aquarelles en GIF.

Maintenant, avec l’aide de codeurs géniaux comme Tagachi ou CryptoKage, je pousse mon travail dans l’Art généré et dynamique, en poussant les frontières de la Blockchain. C’est quand même dingue quand je réfléchis à mon évolution en 3 ans : je suis fière de ça et je me dis qu’on peut tout apprendre à tout âge… même à la fin de la trentaine » 😂

❤️ Pour mieux te connaitre, peux-tu nous livrer tes artistes « coups de cœur » ?

« Mes artistes coup de cœur : Jules Verne et son univers d’aventure steampunk et la candeur d’Antoine de Saint-Exupéry. Ils font partis de mes références solides. Il y a des musiques qui animent mon imagination, comme Emilie Simon et son monde si particulier, Dvorak et son nouveau Monde, ou des artistes tels que Maruko Kosumoto et ses créations organiques d’une finesse exquise. »

« Après j’ai aussi quelques chouchous dans le Crypto-Art et beaucoup d’amis : un clin d’œil à toute la famille Editional mais aussi à Kristy Glas, Angie Taylor, Robness, Dominique Czeredinov, Emma Vauloup, Jaen, Hermine Bourdin, Daniella Doodle, Hueviews et Bananakin, Anonymous Nobody, Lucclop, Agoria, Deathimself, Albertine Meunier et tellement plus encore ❤️ Ils m’inspirent tous les jours et ils sont mes piliers dans cet univers génial du Crypto-Art »

Collaboration Greweb x Lapin Mignon

🗣️ En tant qu’early crypto-artist, comment vois-tu l’évolution du mouvement ?

« On est passé par plusieurs phases exceptionnelles en 3 ans, et je n’en reviens toujours pas :

  1. Une expérience entre geeks : « Look, ça marche ! Dis-moi comment tu fais ! »
  2. Vente de NFT : « Le NFT a une valeur ?! »
  3. On peut vivre de la vente de NFT ? Et le mouvement de « libération » de beaucoup de créatifs qui n’étaient pas heureux dans leur travail et qui y trouvent une autonomie et une liberté
  4. Beeple vend pour des millions et les Maisons d’Enchères sentent le vent tourner
  5. Le rush des Célébrités qui se vantent d’avoir été les premiers en ci et en ça (Paris Hilton, Grimes, The Weeknd, King of Leon etc) – et le petit monde Crypto-Art lancé dans le star-system
  6. L’arrivée des PFPs qui misent sur le FOMO de ceux qui n’ont pas eu de CryptoPunk – et cette chasse à l’investissement qui rapportera des millions….
  7. ….et ce freinage, car tout le monde ne gagne pas à tous les coups » 😝

« Je pense qu’on va se diriger vers des projets NFT de qualité : la phase d’éducation commence à prendre le pas, et faire des NFT n’est plus suffisant en soi. Il faut apporter plus et je ne parle pas seulement d’utilité, mais aussi de crédibilité. On se rendre compte que les véritables artistes sont les graals de cet espace et les collectionneurs de première heure de 1/1 seront récompensés, j’en suis persuadée. »

« Avec un nombre grandissant d’artistes qui entrent dans la sphère, il devient vraiment compliqué de se faire remarquer. Il faut une casquette marketing et communication et ça ne plaît pas à tout le monde. C’est le jeu de la décentralisation, de la suppression des commissions et du middle man : il y a un prix à payer. »

« Je pense que les curateurs ont de bons jours devant eux. Longtemps mis de côté car l’artiste se voulait libre, il s’aperçoit qu’une aide mesurée peut être utile. Et il y en a des très bons, qui respectent les Crypto-Artists et leur liberté, comme Eleonora Brizi fondatrice de Breezy, qui est là pour magnifier les artistes et leur Art. Elle est magique. 

💥 Les codes de l’art traditionnel sont-ils vraiment « cassés » avec l’avènement des NFT ?

« Clairement ! Comme je le disais, le titre d’artiste n’est plus attribué par un diplôme ou un groupe de curateurs ou de galeries. Et ça change tout. En attendant, tous les cryptos-artistes souffrent du syndrome de l’imposteur. On nous a répété que nous n’étions pas de véritables artistes… aujourd’hui ces mêmes institutions se tournent vers nous pour que nous les aidions à prendre le tournant du NFT… c’est drôle quand même. »

« Cette réflexion s’applique aussi pour les collectionneurs d’Art : Les CryptoArt Collectors ont trouvé une jolie place qu’ils ne pensaient jamais avoir. Avec ma communauté sur Editional, qui regroupe artistes et collectionneurs, on se remémorait les débuts. Jake, un grand collectionneur CryptoArt aujourd’hui, nous disait qu’il se demandait qui était ces geeks qui se prenaient pour des artistes. Et un des artistes lui a répondu que lui aussi, il se demandait qui était ces collectionneurs qui croyaient faire la pluie et le beau temps haha. Je pense qu’on jouait presque comme un jeu au début. Mais le marché était réel et ça nous a joliment rattrapés. »

Anatomie d’un Papillon

💪 Dernière question, concernant ton actualité du moment, peux-tu nous donner quelques infos sur les projets sur lesquelles tu travailles ?

« … Mon actualité est très chargée et pour mon plus grand plaisir car depuis peu, j’ai passé le cap pour travailler en full time dans les NFT : en tant qu’Artist Advisor pour Fanny Lakoubay / LAL ART, mais aussi NFT Advisor pour mon agence Le Lapin, et Crypto-Artist à temps plein.

Mon gros projet, c’est Le Mignonverse : un projet d’Art génératif où on va plonger dans l’exploration d’un univers tout mignon, à la façon du Petit Prince. Cet univers sera peuplé de voyageurs, mes Mignons, qui visiteront planète après planète. Avec Tagachi, mon ami codeur et partenaire sur ce projet, nous poussons les limites de l’Art, propulsé par la Blockchain. Un univers généré de 7,777 Mignon Worlds à collectionner… et admirer leur évolution.

On commence l’aventure bientôt et c’est le plus gros projet que je porte à bout de bras. »

 

Conclusion

Pour une première incursion auprès d’une crypto-artist, nous nous avons été admirablement reçus par Lapin Mignon. Au-delà d’une histoire passionnante, entre l’artiste qui sommeille et la découverte fortuite de la blockchain, son univers onirique, empreint de finesse dans la réalisation nous plait beaucoup.

Mais c’est aussi une artiste qui fait le pont entre l’art IRL (« In Real Life ») et digital en cherchant à repousser les limites de l’imagination et de la technique.

Sur HelloToken, on adore les projets ambitieux et manifestement, Mignonverse n’en manque pas !

Soyez assurés qu’on suivra le projet de près 👀

Liens utiles

Site de Lapin Mignon

Twitter de Lapin Mignon

Instagram de Lapin Mignon

Twitter de Mignonverse

 

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 à 16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB 🥋, Muay Thaï 🥊) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH 🤓 Trop curieux pour être simplement ce qu'on attend de moi.

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