# 🌍 — IRL

Quelle place pour les NFT dans un patrimoine ?

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 2 décembre 2021 - 9 minutes de lecture

Les valorisations hors du commun d’œuvres numériques ne vous ont certainement pas échappées. Depuis l’avènement des NFT, des ventes crèvent le plafond et repoussent régulièrement les limites.

Compte-tenu de la simplicité d’acquisition intrinsèquement liée à la nature digitale des NFT, y investir devient une option largement envisageable. Il est cependant nécessaire de se poser les bonnes questions : HelloToken vous donne quelques pistes de réflexions pour investir sereinement.

NOTA : nous considérons l’investissement en NFT comme une démarche dans laquelle l’acquéreur à un objectif de valorisation de son token. Nous envisageons ici un rendement exigé par l’investisseur, il ne s’agit pas uniquement d’un achat « plaisir ».

Les bases d’un patrimoine

Nous considérons le patrimoine comme l’ensemble des actifs que possède une personne. Communément, il peut se décliner en 4 catégories :

  1. Immobilier : résidence principale, secondaire, locatif d’habitation, bureaux, parkings, terrains, etc. On parle ici de l’immobilier physique.
  2. Supports financiers : titres vifs (actions, obligations), parts de fonds (OPC, SCPI, GFV etc.), épargne bancaire (livrets réglementés et leur déclinaisons), peu importe l’enveloppe de détention (assurance-vie, PEA, compte-titres ordinaire, investissement en capital etc.). Nous considérons que les crypto-monnaies font partie de cette catégorie.
  3. Eléments tangibles : on parle ici de tous les placements déclinés en objet physique, hors immobilier. Œuvres d’art, vin, montres, maroquinerie, véhicules, timbres etc… La liste est longue (voire infinie), toute collection pouvant être considérée comme un placement au minimum, un investissement au mieux (personnellement, mes vieux jeux full set Sega Saturn, ma Neogeo AES ou mes Shenmue PAL sur Dreamcast ont une côte certaine).
  4. Eléments intangibles : brevets, concessions, licence etc. ces contrats permettent de générer des flux financiers des utilisateurs vers les propriétaires.

Selon la forme que revêt les NFT, ils sont à cheval sur trois catégories : les supports financiers et les éléments tangibles et les éléments intangibles.

Diversifier pour réduire les risques et dynamiser le rendement de ses actifs

En finance, la diversification est un concept ancestral issu du bon sens : « ne pas mettre ses œufs dans le même panier ». Evidemment, le bon sens ne suffit pas et la recherche a largement documenter l’intérêt de diversifier ses placements (nous vous conseillons de lire l’excellent article de vulgarisation du Captain Economics sur la théorie moderne du portefeuille.

Succinctement, le patrimoine est un portefeuille d’actifs (un panier d’œufs) qui est soumis à divers risques (financiers, de taux, de liquidité, de crédit etc.) qui engendrent de la volatilité (variations de prix) pour un certain rendement.

Un investisseur, selon son degré d’appétence au risque (« bon père de famille » ou « kamikaze » ?), cherche à équilibrer au mieux le couple rendement/risque, étant entendu que plus un actif est risqué, plus le rendement attendu est élevé et vice-versa. A ce titre, investir dans un NFT suit la même démarche.

Dans un portefeuille patrimonial, l’allocation d’actifs est donc très personnelle. Néanmoins, la hiérarchie classique suit la logique suivante :

  • Livrets bancaires et réglementés : garantie en capital, 0 risque, peu ou pas de fiscalité en général
  • Fonds euros en assurance-vie : garantie en capital, liquidité légèrement moindre que les livrets bancaires, fiscalisés
  • Obligation d’Etats : très sûres, peu risquées (sauf si vous déteniez de la dette grecque en 2010)
  • Immobilier : placement préféré des français, tangible, prix qui augmentent sur le long terme (15/20 ans)
  • Parts de fonds / Unités de compte en assurance-vie : pas de garantie du capital mais performance potentielle plus élevée que le fonds euros, horizon de placement moyen (5 à 8 ans minimum)
  • Actions : risques importants, volatilité forte, placement néanmoins performant sur le long terme (ex : stratégie Buy & Hold ou ETF diversifés)
  • Private equity : risques importants surtout sur les petites entreprises, peu liquide mais gain potentiel fort, avec un horizon de placement moyen
  • Puis, viennent les placements plus exotiques : montres, vin, voitures, arts etc. Les NFT (et les cryptos) font partie de cette catégorie.

En tant que placements « exotiques » dans un patrimoine, les NFT devraient représenter une proportion dite de « diversification » tant le risque peut être important et la liquidité peu assurée.

Evidemment que les prix à 6, 7 voire 8 chiffres font rêver mais comme dit plus haut, plus c’est rentable, plus c’est risqué.

C’est d’autant plus vrai qu’à la date où nous écrivons ces lignes, bon nombre des projets lancés dans le marché des NFT (arts, jeux vidéo, projets de tokenisation etc.) sont soit des « croutes » pour les œuvres artistiques, soit des projets fallacieux dont l’objectif est uniquement de lever un maximum de fonds et partir avec la caisse ou encore, des ambitions immatures, qui ne verront jamais le jour malgré la bonne foi des porteurs de projet.

Notre avis peut sembler sévère mais il n’y a qu’a voir la tonne d’œuvres disponibles à la vente sur Open Sea pour se rendre compte de l’offre surabondante au goût douteux.

Les critères à prendre en compte dans le choix d’un NFT

Placer, investir, spéculer sur un NFT, c’est avoir la conviction qu’un actif numérique a une valeur intrinsèque, avec une certaine liquidité et un potentiel de croissance.

Par exemple : investir dans un NFT artistique, c’est la même démarche qu’investir dans une toile, une photo, une sculpture ou tout autre œuvre physique. On peut acheter un artiste reconnu pour « placer son argent » (risque faible, liquide, valorisation stable), on peut « parier » sur un artiste en devenir et espérer un gain considérable (risque fort, illiquide au début, valorisation instable) ou tout simplement, acheter une œuvre qui nous plait, qui apporte un certain bonheur autre que financier.

Lors de l’achat d’un NFT, qui dépasse l’intérêt purement esthétique dans le cas des NFT Art, il nous semble particulièrement important d’établir une liste de critères objectifs pour définir son investissement :

  • La renommée, actuelle et potentielle, l’histoire de l’émetteur
  • La forme du NFT : purement numérique ? Adossé à un objet physique ?
  • La rareté : y a-t-il 1, 10 ou 10 000 exemplaire à vendre ? Sont-ils tous identiques ou non ?
  • Le rendement (éventuel) : y’a-t-il un rendement sur le NFT ? Par exemple, un terrain dans Sandbox peut générer des revenus via la location
  • La liquidité : est-ce qu’il y a de la demande sur cet actif ? Ce NFT est-il liquide au sens « facilement vendable » ?
  • Enfin, le plus important à nos yeux : la proposition de valeur. En quoi l’acquisition de ce NFT apporte de la valeur à l’acqéreur ? Le projet révolutionne t-il les usages ? Ou est-ce un énième ersatz des Bored Apes Yacht Club ?

Le Generative Art : le sommet de l’iceberg du marché des NFT

Le marché des NFT est en pleine explosion, porté notamment par le Generative Art.

il présente beaucoup d’opportunités mais prudence, Chez HelloToken, nous pensons que le marché actuel du Generative Art entre dans une bulle, alimentée par de nombreuses raisons :

  1. Les ventes records relayées par les médias… qui sont l’arbres qui cachent la forêt. Un artiste tel que Beeple était déjà reconnu sur la scène artistique, le prix de « Everydays » reflète évidemment sa côte ainsi que le caractère innovant son œuvre mintée. Cependant, peu ont la capacité de s’enorgueillir d’une carrière, d’une histoire comme celle de Beeple pour donner de la valeur à leurs œuvre.
  2. Le marketing : fort de ce constat, de nombreux projets sont soutenus par une redoutable campagne marketing. Réseaux sociaux inondés, sites internet flamboyants, promesses mirobolantes, on a vu de belles anarques réussir grâce à la crédulité des acheteurs.
  3. Le FOMO : cause et conséquence du marketing agressif explicité en point 2, le marché actuel est tellement bouillonnant, passionnant qu’il s’auto-alimente. Chaque jour, des nouveautés qui semblent exceptionnelles sont mises en avant. Face à ce déferlement, l’amateur peut avoir le sentiment de « rater une opportunité » s’il ne se lance pas. Résultat : le chat pixelisé à 3 pattes qui porte des lunettes de vue acheté 1ETH (+/-4000€ au cours du 02/12/2021) n’a aucune valeur sur le secondaire. L’acheteur se retrouve avec une croute numérique invendable qui lui a coûté le prix d’une Clio d’occasion.
  4. N’oublions pas non plus qu’au fur et à mesure des mois, l’aspect innovant des NFT artistique deviendra commun. Ce qu’on présente comme une révolution aujourd’hui sera banal demain. « Seuls les plus forts s’en sortiront ».

Conclusion

Les NFT, comme les crypto-monnaies depuis 5 ans, ne peuvent plus être ignorés tant leur place devient grandissante. Dans une optique de diversification et de rendement, ils méritent qu’on s’y attardent.

Cependant, face à au constat ci-dessus, le conseil est simple : sous prétexte de « faire un bon coup », n’achetez pas n’importe quoi ! Si tout le monde savait spéculer sur le marché l’art, cela se saurait. Malgré la chute des barrières à l’entrée (galeries réservées aux élites, ticket d’entrée élevé, niveau de connaissance important etc.), l’art reste un marché d’expert. En effet, une bouillie de pixel s’achète facilement et avec un peu de chance, elle vaudra 10 fois plus dans quelques mois… ou pas.

Epilogue : La révolution des « 2020 » : quand ta petite-sœur a investi avant toi

Au terme de cet article, vous êtes refroidi à l’idée d’investir dans les NFT ?

Ce n’est pas notre propos car vous le savez, nous croyons à la révolution du Web3 dont les NFT sont un pilier.

Malgré les réserves et la prudence que comportent cet investissement, nous avons également conscience que la génération née après 2020 sera « NFT native ».

Elle aura achetée sa première paire de chaussures virtuelles avec son argent de poche, sa première voiture dans le metaverse sera son cadeau de noël de 8 ans et elle préfèrera exhiber des Nike en or dans un monde virtuel et porter des Crocs dans le monde réel.

Les enfants nés après 2020 possèderons littéralement des biens numériques comme nous possédons des biens physiques.

A ce titre, investir tôt, c’est à dire maintenant, c’est encore faire partie des pionniers. Comme dans le monde réel, les premiers sont aussi récompensés par la prise de risque…

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 à 16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB 🥋, Muay Thaï 🥊) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH 🤓 Trop curieux pour être simplement ce qu'on attend de moi.

Voir les publications de l'auteur

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera révisé par les administrateurs si besoin.