NFT : les bases

NFT : Les Bases

NFT est l’acronyme de non-fongible token, ce qui en soi, n’explique pas grand-chose. Cette page tend à définir ce qu’est un NFT dans les grandes lignes tout en abordant quelques exemples spécifiques d’applications et de cas d’utilisation des NFT (le terme est parfois orthographié NFTs au pluriel).

Commençons par décomposer l’acronyme. Avant de parler de « non-fongible », qu’entendons-nous par « tokens » ? Dans le cas présent, un token (un jeton dans la langue de Molière), est un enregistrement qui s’effectue dans un système d’information appelé la blockchain. Nous n’entrerons pas ici dans tous les détails du fonctionnement des blockchains. Pour de plus amples informations pensez à consulter les pages « qu’est ce qu’une blockchain ? » ou encore « qu’est ce qu’un jeton ? ».  Pour comprendre ce qu’est un NFT, nous avons juste besoin d’un peu de culture numérique et de quelques connaissances basiques.

Un peu d’histoire

La blockchain publique la plus célèbre n’est autre que celle qui a inventé le terme. Le livre blanc du Bitcoin présente ainsi une « chaîne de blocs » pour suivre, assurer, retracer, garantir l’intégrité et sécuriser un système d’échanges à travers le temps au sein d’un registre commun partagé et décentralisé (sans tiers de confiance). C’est au travers un mécanisme de consensus que s’effectue la mise à jour de cette blockchain, mécanisme qui assure un ordonnancement clair et sans ambiguïté des transactions et des blocs. Le terme « blockchain » s’est ainsi imposé au fur et à mesure que de nouveaux réseaux s’appuyaient sur cette même idée. Le réseau Bitcoin a un seul jeton (token) : le Bitcoin (₿, BTC, XBT).

Comme l’argent liquide traditionnel (les pièces et billets), le Bitcoin est fongible. Cela signifie que vous pouvez remplacer un Bitcoin par un autre Bitcoin sans changer la valeur de l’un ou de l’autre. Tout comme vous pouvez échanger un billet de 5€ contre un autre billet de 5€. Les valeurs sont les mêmes. En pratique, d’un point de vue purement technique, il n’existe pas véritablement de Bitcoin « unique » avec une identité propre. Alors que l’argent liquide, a minima les billets, disposent d’un numéro de série permettant de se distinguer les uns des autres. Le réseau Bitcoin ne suit pas ses Bitcoins individuellement et ne leur attribue pas d’identifiant. A contrario, le système se contente de suivre la quantité présente sur chaque portefeuille (compte), en créditant un portefeuille et en débitant un autre à chaque transaction.

Le Bitcoin a inspiré pléthore d’autres blockchains qui ont repris la même idée de base tout en introduisant de nouvelles fonctionnalités. La plus importante, eu égard aux NFT, est la blockchain Ethereum sur laquelle le concept de NFT s’est développé pour la première fois. Ethereum a ajouté, au modèle de consensus inauguré par la blockchain Bitcoin, la possibilité de développer des applications décentralisées et contrats intelligents. En d’autres termes et bien que très similaires à l’origine, la blockchain Ethereum est très orientée vers son socle technologique alors que celle du Bitcoin s’est d’abord positionnée comme une alternative monétaire décentralisée et destinée à effectuer des échanges d’argent.

La blockchain Ethereum possède un jeton (token) natif appelé Ether (三, ETH), qui est utilisé à la fois comme réserve de valeur mais également pour payer les frais  liés aux différents calculs exécutés (appelés GAS). Comme le Bitcoin, l’Ether est fongible. Toutefois, le modèle de création des contrats intelligents (smart contracts) permet aux développeurs de créer leurs propres jetons (tokens). Ces jetons peuvent avoir des propriétés spéciales dont la logique est déterminée par le contrat intelligent.

Bien que les premiers contrats intelligents (smart contracts) définissaient pour la plupart des jetons fongibles (à l’instar de l’Ether), des personnes ont commencé à expérimenter l’utilisation de jetons contenant des données, rendant ainsi chaque jeton unique et différent des autres. Le résultat est un jeton qui ne s’échange pas facilement avec un autre jeton quelconque du même type, il s’agit d’un token non fongible (NFT).

Qu’est-ce qui rend un token non fongible ?

Supra, nous avons mentionné les numéros de série comme moyen de distinguer un billet d’un autre billet. Même si vous pouvez les distinguer, deux billets de 5€ sont toujours fongibles car ils ont tous deux la même valeur en tant que monnaie. Un identifiant unique ne suffit donc pas, à lui seul, à rendre quelque chose « non fongible ». Autre exemple, une voiture fabriquée en série, a un numéro, mais est identique aux autres voitures de sa série. Elle est donc fongible.

En revanche, un billet de 5€ qui a été gribouillé par Banksy est unique, et ce, bien au-delà d’un simple numéro de série. En l’utilisant comme support artistique, notre Bansky imaginaire a rendu le billet de 5€ moins fongible. Bien que nous puissions toujours l’échanger contre un paquet de sucreries, la valeur d’échange dudit billet est désormais bien supérieure à 5€.

De la même façon, en permettant à chaque token de contenir une petite quantité de données différenciantes, les NFT deviennent un moyen d’expression créatif mais aussi une unité unique. La valeur d’un NFT dépend donc fortement des données qu’il contient, de ce qu’il représente et de ses caractéristiques. Ils ne sont pas interchangeables. En sus, un même NFT peut avoir une valeur complètement différente selon les personnes qui s’y intéressent, et ce, en fonction de facteurs tels que, l’usage du NFT, les goûts ou encore l’identité du créateur. En outre, en existant au sein d’une blockchain les NFT peuvent en exploiter son infrastructure, être échangés grace à sa crypto sous-jacente et surtout bénéficier de ses garanties de sécurité et de traçabilité.

À quoi servent les NFT ?

La question mérite d’être posée. Qu’est-ce qui différencie un NFT d’un fichier GIF animé, ou d’autres types de documents numériques telle qu’une feuille de calcul ?

Les différences reposent sur quelques propriétés fondamentales de la blockchain. La fonction première d’une blockchain est de faire en sorte que tous ses intervenants soient d’accord sur un état partagé (le consensus). Pour Bitcoin, le consensus est le solde de chaque portefeuille (compte), tandis que pour Ethereum, ce consensus se compose de mouvements et interactions au sein des contrats intelligents (smart contracts). Un mécanisme de consensus, entre les membres du réseau (les noeuds), est ainsi déployé. Comme lesdits noeuds sont répartis partout autour du globe (distribués), il faut du temps pour que toutes les parties opérationnelles convergent.  A date, elles doivent fournir la preuve d’un travail difficilement réalisable mais vérifiable (la Proof of Work ou PoW). Par ailleurs, cette preuve nécessite la dépense d’une quantité significative d’énergie, ce qui garantit la sécurité du mécanisme et endigue le déploiement potentiel de nœuds malveillants visant à manipuler le consensus. Une fois que tout les noeuds se sont mis d’accord sur un état, ce dernier est inscrit et fait partie intégrante et permanente de la blockchain.

A contrario, le Web traditionnel est célèbre pour son caractère provisoire et dynamique. En effet, un serveur Web peut servir un contenu totalement différent en fonction, par exemple, de l’heure de la journée ou de la localisation du visiteur. C’est arrivé à tout un chacun : qui n’a jamais cliqué sur un lien rompu ? Sur le Web, le contenu disparaît tout aussi rapidement qu’il se créée.

La permanence, les caractéristiques immuables et la durabilité sont au coeur de la proposition de valeur des NFT. En s’appuyant sur une blockchain comme support de stockage, les NFT vivront aussi longtemps que la blockchain qui les supporte. Ce qui soulève une autre propriété intéressante des blockchains : en récompensant les opérateurs de nœuds avec des cryptomonnaies en échange du maintien en vie du réseau, une blockchain incite à sa propre survie. Tant qu’il y aura des personnes attirées par la récompense économique, la blockchain se maintiendra. In fine, cela garantit la survie de toutes les données historiques, y compris celle des NFT.

L’Internet des actifs liquides

Les NFT et Ethereum résolvent ainsi certains des problèmes qui existent aujourd’hui sur Internet. Alors que tout devient de plus en plus numérique, il est important d’étendre, en ligne, la propriété des objets physiques comme la rareté, l’unicité et la preuve de propriété. Sans compter que les objets numériques ne fonctionnent souvent que dans le contexte de leur environnement d’origine. Ils sont indissociables de leur plateforme. Par exemple, vous ne pouvez pas revendre un mp3 iTunes que vous avez acheté, ou vous ne pouvez pas échanger les points de fidélité d’une entreprise contre le crédit d’une autre plateforme, même s’il existe une demande pour cela.

Voici à quoi ressemblerait un Internet de NFT comparé à l’internet que la plupart d’entre nous connaissons :

L’Internet de NFT L’Internet d’aujourd’hui
Les NFT sont techniquement uniques, il n’existe pas deux NFT identiques. La copie d’un fichier, comme un .mp3 ou un .jpg, est identique à l’original.
Chaque NFT a un propriétaire connu publiquement grâce à la blockchain et la propriété est facile à vérifier par quiconque. Les documents et registres de propriétés des objets numériques sont stockés sur des serveurs contrôlés par les institutions.
Les NFT de la blockchain Ethereum sont compatibles avec tout ce qui est construit sur ladite blockchain. Un billet NFT pour un spectacle, peut être échangé sur chaque place de marché Ethereum, contre un NFT entièrement différent. Vous pourriez ainsi échanger une œuvre d’art contre un billet de concert ! Les entreprises distribuant des articles numériques sont dépendants de leur propre infrastructure. Par exemple, une application qui émet des billets numériques pour des événements doit créer sa propre bourse d’échanges à prix fixe ou aux enchères.
Les créateurs de contenu et d’art peuvent vendre leur travail n’importe où et ont accès à un marché mondial sans limite. Les créateurs dépendent de l’infrastructure et de la distribution des plateformes qu’ils utilisent. Celles-ci sont souvent soumises à des conditions d’utilisation et à des restrictions géographiques.
Les créateurs peuvent conserver les droits de propriété de leurs travaux et réclamer automatiquement des redevances et commissions sur les futures reventes. Les plateformes, telles que les services en ligne de streaming musical, conservent la majorité des bénéfices d’une vente.
Certains usages des NFTs peuvent être surprenants ! Par exemple, vous pouvez utiliser une œuvre d’art numérique comme garantie pour un prêt décentralisé.

Quelques expériences réussies à base de NFT

Parmi les premières expériences de NFT à succès figurent Sorare, CryptoPunks ou encore Bored Ape Yacht Club (BAYC). BAYC est un ensemble de 10 000 personnages (les Bored Apes) prenant la forme d’images générées aléatoirement (generative art) et aux caractéristiques (traits) plus ou moins rares. Ces images peuvent être collectionnées et échangées sur la blockchain Ethereum. Et bien que chacun puisse voir, copier et « enregistrer sous » les illustrations de n’importe quel singe, chaque image (et donc personnage) ne peut avoir qu’un seul propriétaire officiel inscrit, à l’instant T, sur la blockchain Ethereum. Bored Ape Yacht Club s’est avéré être un énorme succès, avec des singes, plus rares que d’autres, s’échangeant contre d’énormes sommes d’Ether (三, ETH) valant des millions d’Euros (oui, des millions d’Euros). Les propriétaires de ces images -dont certaines personnalités publiques- les utilisent ensuite comme PFP (Picture For Profile) sur les réseaux sociaux contribuant ainsi à la hype. Omar Sy, trois fois « personnalité préférée des Français », a fait l’acquisition de son Bored Ape début juillet 2021, il l’affiche comme avatar (PFP) sur Twitter depuis le 1er décembre 2021.

Les objets de collection numériques, comme BAYC, sont des cas d’utilisation convaincants et populaires de l’utilisation des NFT.  Les projets de Generative Art qui se succèdent désormais contribuent à définir les premières normes d’interopérabilité et de métadonnées pour les NFT – attention néanmoins, il existe un grand nombre de projets sans valeur, sans histoire. Il faut savoir en faire le tri avec bon sens. De fait, depuis les débuts de CryptoPunks ou le succès de BAYC, les NFT sont devenus un véhicule pour toutes sortes de projets créatifs. Une grande partie de l’enthousiasme est venue d’artistes cherchant à s’engager directement auprès des fans et à trouver de nouveaux moyens de vivre de leurs créations. Cette évolution a été soutenue par :

  • une démocratisation des portefeuilles et des cryptomonnaies pour les particuliers ;
  • un écosystème croissant de places de marché NFT – comblant le fossé entre le web traditionnel et le monde tentaculaire de la blockchain ;
  • l’appui et le relais de certains leaders d’opinions, influenceurs et personnages publics ;
  • des oeuvres dont la vente aux enchères ont été des succès (l’œuvre de l’artiste Beeple, Everydays : the First 5000 Days, a été vendue au prix de 69,3 millions de dollars chez Christie’s) ;

A date, cet alignement donne lieu à des millions d’euros de transactions entre propriétaires de NFT et également des revenus substantiels pour certains artistes.

Notons qu’en dehors de l’art numérique et des objets de collection, les NFT ont trouvé des cas d’utilisation notamment dans les jeux (et/ou Metaverse), où ils peuvent représenter :

  • des parcelles de terrain virtuel,
  • des cartes à jouer,
  • des avatars,
  • des skins pour les personnages du jeu,
  • des objets, et plus encore.

En plaçant « l’inventaire » de ces objets sur une blockchain partagée, les jeux alimentés par des NFT peuvent ainsi activer de nouveaux mécanismes et permettre aux joueurs d’utiliser leurs objets virtuels dans plusieurs jeux (cross games) et multiplier les nouvelles expériences. Aussi et surtout, les NFT rendent liquides ce qui était jusqu’alors totalement illiquides dans un jeu vidéo. L’achat « in-game » d’un accessoire ou objet, si il est adossé à un NFT, permet d’obtenir la pleine propriété dudit objet (une carte, un skin etc.) et ainsi étendre la durée de vie de l’objet virtuel au-delà de celle du jeu et de son éditeur. De cette façon, l’objet virtuel peut-être conservé dans une vitrine digitale et personnelle, ad vitam. Il pourra aussi prendre de la valeur eu égard à sa rareté, être échangé, revendu etc.

Quelques exemples :

  • une carte Fifa Ultimate Team de Cristiano Ronaldo aurait pu être conservée. Malgré les euros dépensés à ouvrir des paquets de cartes virtuelles, la carte est « morte » avec l’arrêt du serveur par Electronic Arts – c’est le cas chaque année (!) ;
  • les skins Dragon Quest of The Stars (jeu iPhone), de même, auraient pu être maintenus dans une vitrine virtuelle. A contrario, tous les items in game ont été perdus avec l’arrêt brutal de l’application par son éditeur Square Enix ;

Point de vigilance quant aux projets Generative Art

Il est important de ne pas assimiler exclusivement le NFT aux projets Generative Art et réaliser l’amalgame avec le support « image ». Effectivement, comme vu supra, si nous ne tenons compte que du Generative Art, hormis les premiers projets évoqués ci-dessus qui portent l’histoire, les suivants sont pour la plupart totalement bullish/bullshit et poussés par des bots ici et là.

Ceci étant exposé, en revenant à l’oeuvre numérique 1/1 (unique, PFP ou non), nous pouvons considérer qu’un JPG, dont nous avons la propriété, puisse avoir de la valeur -autant qu’une toile IRL- eu égard à l’artiste qui l’a réalisé. Tout est question de réputation de l’artiste, son oeuvre, son histoire. Acheter des images sorties de nulle part, générées aléatoirement avec trois lignes de Python (langage de programmation) n’a aucun sens, ni financer, ni patrimonial.

Dépassé ce constat, vous trouverez des images (JPG/PNG) de VRAIS artistes qui, elles, ont un sens et dont la propriété, rendue possible par la blockchain, peut s’avérer intéressante. En sus, le NFT prend effectivement tout son sens dans le jeu vidéo – là où nous rendons liquide ce qui ne l’était pas jusqu’alors. Mais aussi au sein d’une chaîne de valeur où l’immuabilité et la traçabilité sont importantes.

Pour aller plus loin

Nous ne sommes qu’à l’aube de l’histoire du NFT et de sa technologie. Pour en savoir encore un peu plus, n’hésitez pas à consulter notre page : qu’est-ce qu’un NFT ? L’histoire complète. Les NFT ne sont pas que des « images », ils sont aussi des certificats d’authenticité, des « traces » immuables au sein d’une chaine de valeur (supplychain) etc. Il est certain que nous verrons apparaître, chaque jour, de nouveaux cas d’utilisation et de nouvelles expériences intéressantes. Il est difficile de prédire ce que l’avenir nous réserve, mais si vous êtes ici, vous avez de l’avance : la meilleure façon de prédire l’avenir c’est encore de l’inventer !

Kevin HA | kha.eth | kevinha.tez

Digital ❤️, 🏃🏻. Web1 ✔️, Web2 ✔️, vers le Web3. Gluten et Lactose free mais avec un peu de PSG. Président — CEO Cotton Bird - E-Commerce, Atelier de papeterie pour événements heureux. CA 20M. Ex. Collaborateur Parlementaire LREM. Ex. Directeur Général Délégué Alice's Garden - E-Commerce, Grand importateur d'équipement d'extérieur. CA : 55M (2019). #NFT 🖼 #WEB3

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