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1ère nuit de la photo dédiée au Web3

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 11 octobre 2022 - 11 minutes de lecture

La nuit de la photo a eu lieu dans l’enceinte du Parc de la Villette à Paris ,le 8 octobre 2022.

Cette édition était dédiée au « Web3 et ses différents outils [qui] (re)donnent au créateur photographe le contrôle absolu sur sa création ».

HelloToken y était et vous propose un retour sur cette soirée, animée par Rachel Hardouin et Dimitri Daniloff.

Conseils pour collectionner des NFT

Sur scène, collectionneurs et photographes s’accordent sur de nombreux points :

  • Arthemort, en tant que spécialiste NFT chez Sotheby’s et « accumulateur depuis toujours » déclare que sa curation repose essentiellement sur la sérendipité et les collaborations entre artistes. Les NFT ont largement fait exploser le nombre d’artistes qui exposent. Le hasard des recherches, des discussions, du « dig » (NDLR : fait de chercher, creuser) sont un moyen incontournable pour connaitre de nouveaux talents.
  • Dans l’univers NFT, les collaborations sont également très présentes. Quelques soit le thème, artistique évidemment, mais plus largement dans les PFP, les P2E, les Metaverse etc… les collaborations permettent de donner une visibilité mutuelle. L’esprit d’entraide règne et permet de toucher les communautés plus largement.
  • Ce faisant, le développement de la notoriété et de la communauté de fans se fait généralement de manière organique.
  • Jean-Michel Pailhon a également illustrer sa façon de collectionner à l’aune des wallets.

L’idée est simple : chacun peut créer un wallet avec des usages précis. Un collectionneur peut créer un portefeuille numérique par style ou par thème qu’il souhaite afficher. Il structure ainsi sa ou ses collections : noir et blanc, sport, reportage, social etc…

« Explosion of Colors » par Johan Lolos

Fait intéressant : la plupart des photographes qui ont tokenisé une oeuvre ont commencé… en collectionnant d’autres artistes.

Cela illustre ainsi le fameux diction « DYOR » (Do Your Own Research) « j’achète un NFT pour savoir comment ça marche avant d’en créer un moi-même » mais également, la facilité d’accès (la liquidité) et la proximité avec les autres.

La valeur des NFT

Sur HelloToken, nous avons la conviction que les actifs numériques ont une valeur pécuniaire réelle et fondamentale, en dehors d’un contexte spéculatif exogène.

Mais la question mérite d’être posée : pourquoi un .jpg, reproductible à l’infini (#TeamClicDroit) aurait une valeur marchande ? Nonobstant la qualité artistique, un fichier numérique vaut-il quelque chose par rapport à une version réelle et signée ?

Les collectionneurs traditionnels font face à un risque de fraude élevé depuis toujours : reproduire un tableau ou un tirage est de plus en plus simple, tout comme imiter une signature. De plus, le marché de l’art traditionnel est relativement opaque : la traçabilité des œuvres est très difficile à garantir. Les NFT, par essence, résolvent ces problématiques :

  • Sur une blockchain publique (Ethereum, Tezos par exemple), toutes les transactions sont consultables
  • L’émetteur originel et les propriétaires successifs sont identifiés par leur wallet

Ainsi, Jean-Michel Pailhon questionne : à l’aune de ses qualités intrinsèques, le NFT ne serait-il pas « l’original » et donc, l’actif qui a la valeur marchande la plus forte par rapport à un tirage ?

« The World Before Us » par @Driftershoots

Les NFT ne sont pas un nouveau courant artistique

Durant la soirée, de nombreux photographes ont présentés leurs travaux et rapidement, ceux en dehors du Web3 ont manifesté un certain intérêt. Cependant, une certaine méconnaissance sépare les pro-NFT et les sceptiques.  Victorine Alisse déclarait « je me sens à l’écart de ce qui s’est dit avant, j’ai besoin d’être dans le réel ».

De notre point de vue, il s’agit d’un amalgame entre le caractère purement numérique des NFT et le travail des artistes numériques.

Dimitri Daniloff l’a très bien exprimé :

On peut faire de la photo très classique [NDLR : photo noir et blanc par exemple] et faire des NFT. On fait de la photo, pas des NFT.

« Wai Krhu » par Philippe Sheraf

Inversement, un artiste purement digital, qui crée des œuvres en art génératif à l’aide d’algorithmes par exemple, peut tout à fait ne pas faire de NFT.

Anne Horel, artiste numérique et dédié au GIF animé est un exemple éclairant.

Artiste polymorphe, spécialiste du collage et de l’animation, ses travaux ont fait l’objet d’un « drop » en NFT qu’en avril 2021. Elle déclare :

Le web a été créé gratuitement par des artistes. Les œuvres deviennent parfois virale » […] »les artistes digitaux étaient les laissé-pour-compte du marché de l’art

« Dance Travel » par Anne Horel

On touche du doigt ce que Dimitri Daniloff exprimait dans notre interview précédente :

Avant les NFT, plus une image était copiée, plus elle prenait de valeur, mais plus son auteur disparaissait.

Grâce aux NFT, le rapport s’inverse totalement : même en dehors d’une œuvre 1:1 (NDLR : 1:1 ou « One for One » est une œuvre unique), plus une image est diffusée, plus le NFT prend de la valeur. En effet, si une photo devient populaire, plus le JPEG sera copié. Cependant, la supply du NFT restera comme définie à l’origine et les propriétaires pourront toujours le revendiquer.

Ludovic Baron, comme Philippe Sheraf et Johan Lolos ont parfaitement exprimé le travail de compréhension nécessaire. Ils ont pour point commun d’avoir pris le temps de comprendre les NFT, évacuer les préjugés sur la crypto.

Comme nous aimons le répéter : il ont DYOR (un mantra de l’univers crypto) et seulement après, on commencé à minter des œuvres.

« Âmes Sœurs » par Ludovic Baron

Comme déjà maintes fois mentionnées, les NFT permettent de rendre liquide ce qui était totalement illiquide. Grâce à leur capacité à encapsuler des données (metadatas, image, vidéo, son etc.) et leur caractère sécurisé sur une blockchain, les smart-contracts apportent la certification numérique qui manquait au Web.

A notre avis, il existe encore un amalgame entre NFT et art (totalement) numérique, lié au caractère totalement immatériel des NFT.

Rappelons simplement que :

  • l’art numérique existe depuis très longtemps, depuis que les ordinateurs existent
  • Les NFT ne sont qu’un bout de code sur une blockchain
  • Tout, ou presque, peut être tokenisé
  • On peut cependant pousser la démarche créative en utilisant la blockchain comme médium. Mais encore une fois, il s’agira d’un support à l’œuvre.

La corporalité

Très vite, la discussion a porté sur la corporalité d’une œuvre.

Markus Castor pose légitimement la dimension corporelle ou plutôt, l’absence de corporalité, des NFT.

Comment un actif purement numérique, véhiculant une œuvre artistique, peut s’évoquer en termes tangibles ?

Quelle(s) expérience(s) sensorielle(s) et concrète(s) peut être rattachée(s) à un NFT, immatériel par essence ?

Comment récupérer cette corporalité physique et quel narratif pour des œuvres totalement numériques ?

De g. à d. : Rachel Hardouin, Dimitri Daniloff, Arthemort, John Karp, Markus Castor et JM Pailhon

Les invités ont apporté plusieurs éclairages :

  • D’abord, John Karp évoque le fait que « nous sommes tous des êtres numériques aujourd’hui ». Nous avons tous des interactions sur internet, sur les réseaux sociaux.

Par extension, la corporalité d’un NFT artistique peut se traduire à travers la propriété dudit NFT « je suis propriétaire de cette œuvre, je peux la revendiquer et l’afficher comme tel ». Elle se manifeste au travers de nos téléphones portables et les écrans qui sont une prolongation de nous-même.

  • Jean-Michel Pailhon complète : les NFT ne sont qu’une technologie au service de la certification et la propriété numérique. En tant que grand collectionneur de photos réelles, il n’oppose pas un tirage à un NFT. Il s’agit de comprendre que la version numérique remplie des conditions de sécurité, de transparence et de certification bien mieux que le réel. A un certain point, on peut considérer le NFT comme le négatif de la photo, en mieux.

Certains artistes proposent un tirage de leur œuvre tokenisée. Mais finalement, la question se pose dans l’autre sens : quid a le plus de valeur ? Le NFT ? purement numérique mais aux caractéristiques inviolables ? Ou l’œuvre physique, signée mais fragile, moins liquide et falsifiable ?

C’est en revenant aux fondamentaux qu’on peut faire évoluer la discussion : les NFT ne sont pas une nouvelle forme d’art ou d’évolution de la photo. C’est un outil au service des créateurs.

De g. à d. : Dimittri Daniloff, Ludovic Baron, Philippe Sheraf et Jean-Michel Pailhon
  • S’agissant de l’expérience, rien n’empêche les photographes de tirer leur photo en exemplaire physique.

Par ailleurs, le numérique s’exprime depuis longtemps par le truchement de nombreuses mises en scène : expositions dîtes « classiques » (tirages, écran), expositions immersives qui mélangent la vue, le toucher voire d’autres sens. Aujourd’hui, l’avènement de la Réalité Augmentée est à deux pas, avec l’accessibilité via les smartphone. Aujourd’hui, il est aisé de projeter une œuvre numérique dans notre réalité, par le biais de l’écran de son téléphone.

Dans les composante du Web3, le Metaverse est un pan incontournable et cette soirée fut l’occasion d’aborder les environnements 3D.

Tous les intervenants n’ont pas exprimé le même entrain, mais unanimement, on retiendra :

  • La liberté de créer des univers immersifs
  • La possibilité de mettre en scène les œuvres, qui prolonge l’univers de l’artiste
  • Une nouvelle forme de portfolio

Vous retrouverez notamment la galerie de « La nuit de la Photo » sur Protoworld.io ou encore, la galerie spatial de Philippe Sheraf

La communauté

Photographes et collectionneurs Web3 s’accordent sur ce point : les NFT changent la relation avec les collectionneurs et les fans.

De nombreux éléments sont évoqués pour éclairer cette évolution :

  • Les artistes qui embarquent dans le Web3 utilisent essentiellement Twitter. Ce réseau social est d’abord celui des crypto-enthousiastes. Par extension, les NFT y ont trouvé leur plateforme de référence. Twitter est un réseau social plus engagé, les échanges sont plus directs, les interactions plus fréquentes. Cependant, on y trouve une certaine forme de sélectivité avec de nombreux codes propres aux Twittos et plus nichés, à la crypto et aux NFT.

Pour les collectionneurs, il permet de toucher des whales et autres « crypto-millionnaires », souhaitant diversifier leur actifs numériques.

Néanmoins, nous croyons sincèrement qu’une communauté n’est pas uniquement composée de collectionneurs, mais surtout de fans, engagés derrière un artiste. @KonohimeFR l’a parfaitement exprimé :

https://twitter.com/KonohimeFR/status/1578313799454453760?s=20&t=GApazgmIf-eJ9bQ3dixktQ

  • L’échange de « pair-à-pair » (P2P ou « Peer-to-Peer »), direct, sans intermédiaire cher à Bitcoin se traduit dans les NFT via les interactions directes que peuvent nouer les artistes avec leur communauté. Même si les plateformes intercèdent parfois sur la partie technique (Opensea, SuperRare, Known Orebay… heu, Know Origin etc…), les artistes communiquent sur leur lancement. Il est fréquent qu’un photographe s’adresse directement en PM à son collectionneur. Ludovic Baron, Philippe Sheraf ou JM Pailhon révèlent avoir régulièrement des échanges directs.

Le Web3, qui repose sur des valeurs de décentralisation et d’échanges P2P, prend tout son sens ici.

  • Par ailleurs, via un NFT, un émetteur peut remercier ses collectionneurs.

Un NFT n’étant qu’un véhicule, une œuvre peut être la clé pour être « whist-listé » (faire partie d’une liste restreinte pour acheter, souvent moins cher et avant la mise en vente publique), être éligible à un air-drop (un cadeau directement émis par l’artiste, envoyé dans le wallet du détenteur du NFT), représenté un ticket d’entrée pour un vernissage etc. Seule l’imagination est la limite !

« UNTITLED n°1 (SELF PORTRAIT) » par Megan Laurent

Conclusion

Cette soirée était l’occasion de rencontrer des photographes, collectionneurs, amateurs, enthousiastes ou sceptiques des NFT.

La prise de conscience de ce nouveau medium sera encore longue mais la photo est un art qui a toujours été fortement secoué par les innovations technologiques. Force est de constater qu’elle s’est toujours adaptée et nous sommes certains que les NFT seront un outil commun dans l’escarcelle de tous les photographes dans un avenir proche. Notre compréhension de cette technologie et surtout, de ses applications et de son potentiel restent très enthousiasmants ! 📸

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 à 16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB 🥋, Muay Thaï 🥊) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH 🤓 Trop curieux pour être simplement ce qu'on attend de moi.

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