Qu’est ce qu’un NFT ? L’histoire complète.

Qu'est ce qu'un NFT ?

Qu’il s’agisse de projets de jetons (token projects) ou d’applications décentralisées (DApp), le secteur de la blockchain regorge d’avancées technologiques. Le dernier phénomène en date se présente sous la forme de jetons non fongibles (NFT). Des célébrités, des artistes, des entrepreneurs milliardaires ou encore des athlètes « tweetent » et « gramment » à propos de l’engouement autour des NFT. Mais qu’est ce qu’un NFT ? exactement ? Bien que le récent battage médiatique porte particulièrement sur les NFT lié à l’art (Generative Art), en atteste l’achat d’un Bored Ape (de BAYC) par la star de la NBA Stephen Curry, leur application et leur utilisation vont bien au-delà du domaine artistique ou des objets virtuels à collectionner (collectibles). Les NFT sont des jetons qui introduisent une nouvelle façon de prouver, de manière irréfutable et vérifiable, la propriété de n’importe quel objet grâce à la blockchain. Si la majorité des NFT actuels se présentent sous la forme d’un JPEG ou d’un GIF, le secteur évolue de telle sorte qu’un NFT donne, à son propriétaire, le droit et la possibilité d’accéder directement à une communauté, à certaines données ou certains avantages.

Les NFT ont enregistré plus de 56 millions de dollars de ventes en 2020 et plus de 927 millions de dollars pour l’unique premier semestre de 2021. Cela représente déjà une croissance de 1 555 % alors que l’année n’est pas terminée. Bien que les NFT puissent sembler nouveaux et étrangers pour beaucoup, le concept est assez ancien et bien ancré dans l’histoire de l’industrie cryptographique. Pour une meilleure compréhension des NFT, nous décrirons sur cette page, leur objectif, le contexte, les développements actuels et comment ils peuvent être un point tournant (game-changer) pour celles et ceux qui croient en leur application et en leur potentiel. Nous décrirons également comment participer à cette économie, en donnant des exemples concrets de plateformes sur lesquelles vous pourrez acheter ou frapper (Mint) un NFT. Bon à savoir : bien que nous fournissions des exemples, nous vous conseillons vivement d’effectuer des recherches approfondies avant de vous engager dans tel ou tel projet.

Qu’est ce qu’un NFT ?

Definition

Le jeton non fongible (NFT) se rapporte à un actif numérique qui ne peut pas être échangé contre un autre actif du même type. A contrario, les actifs dits fongibles peuvent, quant à eux, être substitués ou échangés contre un autre actif, de même valeur, comme le Bitcoin (BTC), l’Ether (ETH) et même les Euros ou les Dollars. Un Bitcoin peut être échangé avec un autre Bitcoin, et les deux peuvent être utilisés à la place l’un de l’autre. Les actifs non fongibles, en revanche, sont uniques et ne peuvent être remplacés. C’est le cas, par exemple, d’une peinture à l’huile d’un artiste, unique en son genre, comme la Joconde de Léonard de Vinci exposée au Louvre. Il est possible d’imprimer de multiples répliques et de recréer des peintures à l’huile à partir de l’original, mais rien ne pourra jamais remplacer l’œuvre d’origine. De même, les NFT sont des représentations numériques uniques d’informations ou de données dont le détenteur a la preuve formelle de la pleine propriété. Les NFT et leurs propriétaires respectifs sont enregistrés sur une blockchain, établissant ainsi, la rareté numérique vérifiable et l’unicité de chaque actif. N’hésitez pas à consulter notre guide sur les bases des NFT pour compléter vos connaissances sur ce qui rend un token non fongible.

Contexte

Le concept de NFT est apparu pour la première fois en 2012 via les Colored Coins. Ces derniers pouvaient être utilisés pour représenter n’importe quel actif du monde réel sur la blockchain Bitcoin tel que : un bon de réduction, une action, un abonnement, la propriété d’un bien etc.

Exemple : imaginons une société de location de voitures. Ladite Entreprise publie un Colored Coin, dans la blockchain Bitcoin, pour représenter chaque voiture de son parc. Puis, elle configure chacune de ses voitures pour qu’elles ne démarrent que si elles reçoivent un message signé d’une clé privée contenant le Colored Coin inhérent. Le loueur peut ensuite :

  • lancer une application mobile, que tout le monde peut utiliser, pour émettre un message signé d’une clé privée ;
  • proposer une plateforme d’échange de ses Colored Coins attachés à chacun de ses véhicules ;

Tous les clients de la société de location pourront ainsi acheter le Colored Coin de tel ou tel véhicule, pendant une période donnée, et utiliser l’application mobile en guise de clé de voiture. Le Colored Coin pourra ensuite être revendu à leur gré.

Bien que les Colored Coins aient représenté une avancée dans l’utilisation de la blockchain de Bitcoin, ils n’étaient pas aussi efficaces qu’on l’espérait à l’origine. L’architecture du réseau Bitcoin n’a, en effet, pas été conçue eu égard au fonctionnement des NFT. Le plus gros défaut des Colored Coins eut été de fonctionner dans un environnement non adapté pour finalement n’être utilisés qu’à des fins de base de données. Ceci étant dit, le projet a initié une plus grande et importante réflexion quant au potentiel de la blockchain concernant les actifs réels (real-life assets).

Une autre application du concept, inspirée des mèmes Internet Pepe the Frog – très répandus sur 4chan entre 2014 et 2015 – voit le jour en 2016 alors que l’industrie de la cryptomonnaie est en plein essor et que le réseau Ethereum gagne en adoption. La plateforme Rare Pepe Wallet, développée par Joe Looney, propose à chacun de pouvoir vendre, acheter, échanger, éditer, offrir une oeuvre d’art digitale, basée sur Pepe the Frog, et prenant la forme d’une carte à collectionner. Il s’agit de l’une des premières expérience artistique sur la blockchain. Joe Looney et sa communauté sont en effet les premiers à inventer et explorer une longue et importante liste d’innovations qui dicteront le marché du CryptoArt (désormais communément rangé sous le terme NFT). L’une des cartes générée par un utilisateur, Homer Pepe (un morphing entre Homer Simpson et Pepe), a été achetée lors de la première vente aux enchères de CryptoArt (The Rare Digital Art Festival, NYC, 2018) par Peter Kell pour la somme de $38,500 – un record de prix pour un NFT à l’époque. Plus récemment, 3 ans plus tard, en février 2021, Homer Pepe a trouvé un nouveau propriétaire, TokenAngels, qui s’est empressé de l’acquérir dès lors où il a eu connaissance de la vente. Prix de la transaction : 205 ETH ($320,000). L’histoire raconte que Joe Looney a fait office de séquestre pour la transaction.

Figure 1
Homer Pepe

Homer Pepe (Rare Pepe Wallet)
Homer Pepe (Rare Pepe Wallet)

Revenons en 2017, alors que le commerce de Rare Pepe s’intensifiait, deux individus nommés John Watkinson et Matt Hall créent un projet de NFT connu sous le nom de Cryptopunks. Il s’agit d’images de personnages 8-bits tous différents les uns des autres et créés sur la blockchain Ethereum. Le projet est basé sur 10 000 avatars de punks uniques et disponibles gratuitement (hors les quelques centimes de frais de transaction à payer, le GAS) pour toute personne possédant un portefeuille Ethereum. L’idée sous-jacente étant que chaque personnage est totalement singulier et possède sa propre combinaison distincte de caractéristiques (traits) comme la coupe de cheveux, les lunettes, le chapeau etc. Nous assistons ainsi à la naissance du Generative Art où un simple bout de code permet de générer au hasard pléthore d’images (avatars) toutes différentes grâce aux nombreuses variations possibles.

Malgré tout, le lancement ne suscite qu’un modeste intérêt. Il s’agissait pourtant d’une idée novatrice, précédant de plusieurs mois la plateforme NFT CryptoKitties et de plusieurs années NBA Top Shot. La problématique étant que ce projet voit le jour au sein d’un marasme, au moment où la cryptomonnaie s’effondre et où les arnaques sont trop nombreuses. Matt Hall a d’ailleurs déclaré que seulement 25 punks ont été réclamés dans les jours qui ont suivi le lancement ! Une semaine plus tard, il aura fallu un article de Mashable quant au  projet pour voir s’envoler, en quelques heures, tous les punks ! Au cours des trois premières années années d’existence du projet (de 2017 à 2019), le volume total des ventes s’élevait à environ $866,000. Au moment de la rédaction de cette page, le le Cryptopunk le plus cher a été vendu à 4 200ETH (équivalent de 7,6 millions de dollars), le volume de vente quotidien le plus élevé ayant atteint plus de 143 millions de dollars le 28 août 2021.

Figure 2
Meilleures ventes de CryptoPunks en ETH

Meilleures ventes de CryptoPunks (Septembre 2021) - Source : Lava Labs
Meilleures ventes de CryptoPunks (Septembre 2021) – Source : Lava Labs

L’une des nombreuses normes de développement d’Ethereum porte sur les interfaces (frameworks ou standards) de jetons (tokens). Ces normes permettent d’assurer la compatibilité des contrats intelligents. Par exemple, lorsqu’un nouveau projet émet un jeton (token), celui-ci demeure compatible avec les échanges décentralisés existants. L’interface la plus courante est l’ERC-20 (Ethereum Request for Comment), un standard dédiée aux jetons fongibles comme les jetons de vote, de staking ou de monnaie virtuelle. Ce standard permet aux développeurs de créer des jetons qui peuvent interagir facilement avec d’autres jetons et applications du réseau. Bien que les jetons ERC-20 soient utiles, ils ne sont pas les mieux adaptés à la création de jetons uniques. Ils ont en effet été pensés comme des jetons standardisés pouvant être partagés ou échangés de manière fongible contre d’autres jetons. Ce constat a conduit à la création de nouvelles interfaces : ERC-721 et ERC-1155.

L’interface ERC-721 incarne la norme quant aux jetons non fongibles (NFT) de la blockchain Ethereum. Elle permet de stocker des identifiants uniques pour chaque jeton émis afin de suivre la propriété et les mouvements desdits jetons. Malgré eux, les CryptoPunks respectent la norme ERC-20. Au moment de leur lancement, l’interface ERC-721 n’existait pas.  John Watkinson et Matt Hall ont dû agir avec les moyens du bord en parvenant, néanmoins, à modifier le code de l’interface ERC-20 et créer … Des NFT ! Ces modifications serviront de base à la réflexion du standard ERC-721.

Le premier acteur à utiliser concrètement la norme ERC-721 est CryptoKitties. Ce projet a pris le monde d’assaut en 2017, son lancement coïncidant avec avec le marché haussier des cryptomonnaies. Ce jeu de NFT permet aux utilisateurs d’adopter, d’élever et d’échanger des chats virtuels sur la blockchain. Le projet rencontre un tel succès fin 2017 qu’il congestionne le réseau Ethereum et provoque moult difficultés à traiter efficacement les transactions sur le réseau.

Environ un mois après le lancement du projet, soit le 28 novembre 2017, le nombre de transactions quotidiennes a augmenté de 111 % et les frais de transaction moyens étaient en hausse de 1165 %. Les développeurs du jeu, prennent alors la décision d’augmenter le prix (birthing Fee) des CryptoKitties de 0.001 ETH à 0.002 ETH. Objectif : garantir une réception plus rapide du jeton aux utilisateurs et inciter les mineurs à ajouter des transactions à la blockchain (in fine, mieux les rémunérer). Bien qu’il s’agisse d’un « simple » jeu, les échanges n’ont jamais été bon marché. En 2018, un CryptoKitty s’est d’ailleurs vendu 600 ETH (soit environ $172,000 au moment de la vente). L’essor de CryptoKitties, grâce aux NFT, ouvre ainsi un monde de possibilités et de perspectives. Si bien, qu’en 2018, des fonds d’investissements tels que Andreessen Horowitz (a16z), Union Square Ventures et des acteurs plus traditionnels tels que Google Ventures (GV) ou encore Samsung NEXT investissent plusieurs dizaine de millions de dollars dans Dapper Labs, le développeur à l’origine de CryptoKitties.

La voie est ainsi ouverte et des places de marché, dédiées aux NFT, commencent à naître et à se développer. Des plateformes comme Nifty Gateway, SuperRare, Rarible ou OpenSea suscitent un intérêt grandissant et se généralisent. A peu près tout, des personnages de jeu vidéo jusqu’aux tickets de concerts peut être échangé sous forme de NFT. Le marché prend ensuite de la vitesse dans le domaine de l’art et des objets de collection (collectibles). Sur la blockchain Etherum : alors que le premier trimestre de 2020 affiche 633 000 ventes de NFT pour une valeur totale de plus de 9 millions de dollars, le dernier trimestre de cette même année compte environ 180 000 ventes, pour une valeur totale de plus de 20 millions de dollars. Le volume de ventes est ainsi divisé par trois mais la valeur totale est multipliée par deux.

En mars 2021, un artiste NFT connu sous le nom de Beeple met en ventes aux enchères sa création intitulée « Everydays — The First 5000 Days ». Le prix de départ est fixé à $100, l’œuvre sera cédée pour 69 millions de dollars. Il s’agit de l’oeuvre d’art liée à un NFT la plus chère à ce jour (octobre 2021) et la troisième oeuvre la plus chère payée parmi les artistes vivants (après David Hockney, Portrait of an Artist (Pool with two Figures) $90,3M et Jeff Koons, Rabbit – $91M).

Figure 4
Beeple, Everydays — The First 5000 Days

Beeple, Everydays — The First 5000 Days
Beeple, Everydays — The First 5000 Days

Notons par ailleurs que le standard ERC-1155, connu sous le nom de Multi Token Standard, est également de plus en plus utilisé. Cette interface est conçue pour permettre un nombre infini de NFT et de jetons fongibles au sein d’un seul et même contrat intelligent (smart contract). Il s’agit d’une avancée importante comparée aux normes ERC-20 et ERC-721. Ces dernières nécessitent en effet toutes deux le déploiement d’un nouveau contrat intelligent pour chaque nouvelle catégorie de jetons. Avec une bonne mise en service, en permettant l’envoi de plusieurs jetons en une seule transaction, le standard ERC-1155 tend ainsi à réduire considérablement les frais (GAS). Il permet :

  • de réaliser des économies importantes eu égard aux frais ;
  • de raccourcir le temps de validation des blocs ;

Pour comprendre la différence entre les jetons ERC-721 et ERC-1155, faisons l’analogie avec un distributeur automatique. Alors que le « distributeur » (smart contract) ERC-1155 peut contenir une variété infinie d’articles (boissons, sandwiches et confiseries), ERC-721 nécessitera un nouveau « distributeur » pour chaque nouveau type d’article créé.

Bien que la majeure partie du marché des NFT fonctionne sur la blockchain Ethereum, des réseaux alternatifs tentent de grappiller des parts de marché. Solana et Cardano en font partie et élargissent ainsi l’écosystème NFT. En juillet 2021, la fondation Solana s’est associée à Audius et à Metaplex pour lancer un fonds de 5 millions de dollars destiné à  démocratiser le monde cryptographique, la blockchain et les tokens auprès des musiciens, des artistes et leurs fans. Parallèlement, la blockchain Cardano, reconnue comme évolutive et interopérable accueille de plus en plus de projets NFT. Cardano bénéficie par ailleurs d’une vitesse de transaction relativement élevée grâce à son mécanisme de consensus Proof of Stake (PoS). Des projets tels que Cardano Kidz, Spacebudz, Professor Cardano, LoveADA et Somint font partie des projets créés sur Cardano qui suscitent un intérêt prononcé de la communauté NFT. À mesure que le nombre de projets NFT augmente et que la diversité des blockchains dédiées aux plateformes NFT s’accroît, il est possible, mais sans certitude, que l’on puisse assister à une transformation technologique du marché.

La valeur d’un NFT

Au premier coup d’œil, la valeur des NFT n’est pas évidente surtout lorsque ces derniers n’ont pas d’utilité immédiate. Concrètement, les NFT liés à l’art peuvent sembler n’être rien d’autre qu’une image numérique qui peut être reproduite et enregistrée à l’infini. Après tout, si il est possible de faire un simple « clic droit enregistrer sous », ou si un individu achète le droit de faire des copies légitimes d’une œuvre d’art numérique, qu’elle en devient la valeur eu égard à la facilité de duplication ? Si la valeur d’un NFT peut varier en fonction de l’actif qu’elle représente, dans le cas de l’art ou des objets de collection, la valeur découle en réalité du propriétaire d’origine ou de l’artiste. De prime abord, les images ou objets virtuels ne présentent pas d’utilité physique, cependant, l’historique ou le statut de propriété, prouvable et immuable, au sein d’une blockchain permettent de les valoriser. Il n’existe, par exemple, qu’une seule Joconde de Léonard de Vinci, pour autant, nombreuses sont les personnes qui sont en possession d’une copie, quelle qu’en soit la forme. Ces copies n’enlèvent en rien de la valeur à l’oeuvre originale dont la propriété est celle de l’État Français, affectée à la collection du département des peintures du musée du Louvre. À long terme, grâce à la blockchain, si les œuvres virtuelles changent de mains et sont transmises de génération en génération, le dernier propriétaire sera en mesure de prouver l’authenticité de l’œuvre. Bon à savoir, au-delà des images d’art, cette propriété peut être également appliquée à toute œuvre protégée par des droits d’auteur (MP3 par exemple). La propriété vérifiable, traçable et immuable est le principal facteur de valeur pour les collectionneurs et les utilisateurs de NFT.

Le NFT au service de la propriété d’un contenu numérique

Si la récente vague de NFT a pris son essor avec l’art (generative art) et les objets de collection (collectibles), les applications sont vraiment infinies et ont des implications de grande portée dans le monde digital dans lequel nous vivons. Les jeunes générations interagissent davantage en ligne que hors ligne (réseaux sociaux -certes- mais également : achats intégrés d’objets virtuels au sein des jeux vidéo, concerts virtuels dans Fortnite etc.). La notion de rareté numérique et d’identité numérique est au premier plan de ce changement générationnel. Nous apprenons, ainsi, à accorder de la valeur au virtuel, plus que jamais auparavant. Ce phénomène n’est pas uniquement imputable à la numérisation de l’art ou de la musique, mais aussi aux interactions sociales, aux articles d’humeur sur un blog ou encore sur Twitter. C’est dans ce contexte que le pouvoir de transformation des NFT et de l’empreinte numérique se manifeste à un niveau macroéconomique. Avec les NFT, une blockchain peut suivre chaque interaction qui se produit concernant un contenu ou objet digital, leur transfert, leur rareté. Il en résulte une connexion directe entre le créateur ou le propriétaire d’un contenu et l’utilisateur. Cela signifie que la valeur intrinsèque de l’interaction est inhérente à la création ou au contenu lui-même et que les individus peuvent commencer à exiger la propriété de leurs contenus digitaux.

A l’heure actuelle, les plateformes qui distribuent des contenus digitaux aux utilisateurs ont un privilège de droit sur le contenu distribué. Les utilisateurs accèdent à une copie du contenu, et les créateurs ne sont pas nécessairement propriétaires du contenu lui-même. Les créateurs ne sont, ni plus, ni moins, qu’un loueur de contenu et les utilisateurs bénéficient d’une permission de visionnage et ou d’utilisation -au sein d’une application ou plateforme- qui tire profit dudit visionnage. Deux points de frictions à ce sujet :

  • rien ne prouve que le créateur est réellement le propriétaire du contenu digital diffusé ;
  • si il l’est, rien ne garanti l’immuabilité et la durée de vie dudit contenu. Ce dernier tend à disparaître avec son support (arrêt d’un serveur de jeu, disparition d’une application etc.) ;

Alors que les mécanismes actuels donnent l’impression et l’illusion d’une propriété, la vraie réponse est, non, en tant qu’utilisateur vous n’êtes pas propriétaire de vos contenus numériques. Les plateformes et applications médiatiques tirent des bénéfices de leurs utilisateurs et/ou de leur créateurs sans notion de propriété. Sur YouTube, par exemple, les contenus sont actuellement rémunérés pour la durée d’attention qu’ils suscitent plus que pour leur qualité et leur rareté. In fine, les plateformes, jeux et applications tirent un profit considérable des oeuvres dématerialisées tout en conservant un quasi monopole sur les mécanismes de distribution et de visibilité. Autre exemple, dans le jeu FIFA Ultimate Team d’EA Sports, les joueurs sont invités à ouvrir des paquets de cartes virtuelles, moyennant finance, sans en avoir la propriété. Les cartes disparaîtront avec l’arrêt des serveurs du jeu. Nous louons donc leur utilisation le temps de la durée de vie du jeu. Nous évoquons ici des cas de gestion centralisée et de contenus illiquides -qui ne permettent pas une conversion facile en argent liquide.

Dans ce contexte, les NFT peuvent intervenir et créer de la valeur. Alors que nombreux médias et jeux vidéos tels que YouTube, Instagram, TikTok ou encore FIFA Ultimate Team, Fortnite et plus largement toutes applications avec achats intégrés, ont une capacité de traction extrêmement forte sur le contenu distribué, elles ne proposent aucun moyen de revendiquer une propriété ou une rareté. Imaginez un NFT qui puisse donner un accès exclusif à une vidéo YouTube ou à un post Instagram. Ou un NFT qui permet de conserver vos cartes virtuelles ou armes virtuelles favorites dans le temps (oui, vos armes au camouflage « or » de Call of Duty Modern Warfare). Vous pourrez ainsi en revendiquer fièrement la propriété -à vie, les afficher dans une vitrine virtuelle voire les échanger et les revendre comme objets de collections dans … 10, 20 … 40 ans !

Transfert de propriété et redevance, une possibilité de gains prorogée

En outre, les créateurs de contenus auront aussi la possibilité de générer des revenus directs supplémentaires sur les transactions, et ce, dans le temps (un smart contract peut en effet embarquer une règle de commission, une redevance, sur chaque revente). Chaque fois qu’un NFT est vendu ou change de mains, le contrat intelligent (smart contract) déclenche et exécute automatiquement le paiement de redevances au créateur ou à l’auteur identifié de l’œuvre. Il convient de noter que les NFT ne génèrent pas automatiquement des redevances et que les conditions doivent être clairement décrites dans le smart contract. Les créateurs ont également la possibilité de céder une partie des droits d’auteurs à d’autres personnes ! Ainsi, les futurs nouveaux propriétaires peuvent également profiter des redevances perçues par les NFT eu égard aux droits qu’ils détiennent désormais. Il s’agit là de la proposition unique et sans précédent offerte par les NFT. Ils permettent aux artistes et aux créateurs de maximiser les revenus de leurs créations numériques et de générer des rendements perpétuels, en particulier si la popularité de leurs œuvres augmente. En sus, ils octroient, de manière prouvée et irréfutable, la propriété exclusive d’une oeuvre dématérialisée. Ils peuvent rendre liquides et rares ce qui, jusqu’à présent, ne pouvait être valorisé. Il convient cependant d’être prudent tant les règles liées à la propriété intellectuelle n’ont pas encore été clairement formulées dans le cadre de ces transactions.

Immuabilité et persistance, le risque du off-chain

Si, d’un point de vue conceptuel, les NFT changent la donne et ont de la valeur en raison de la propriété décentralisée et permanente d’un service ou d’un produit, il est raisonnable de noter que dans l’écosystème actuel, de nombreux NFT peuvent être bien plus centralisés que prévu. En général, le NFT (token) est stocké sur la blockchain (on-chain), mais le contenu lié est hébergé ou stocké off-chain (ex. sur Amazon S3) en raison des coûts associés au stockage de fichiers volumineux on-chain. Le créateur, l’artiste ou la plateforme qui mint (fait naître) le NFT décide de, où, les médias et métadonnées attachées seront stockés. Si le créateur décide de stocker la partie media (image par exemple) auprès d’une entreprise qui gèrent des serveurs centralisés, cela implique que les propriétaires de NFT courent le risque de les perdre si lesdites entreprises cessent d’exister. Le lien (l’adresse) intégré au NFT pointera vers un lien mort, off-chain. Si le stockage des données off-chain accroît la flexibilité pour les créateurs qui doivent mettre à jour régulièrement leurs métadonnées (ex. un item qui évolue régulièrement dans un jeu vidéo), il a également des conséquences sur la viabilité à long terme des NFT. En effet, quelle serait la valeur d’une oeuvre ou d’un objet virtuel que vous ne pouvez plus voir ? Pour lutter contre les risques de perte de métadonnées, des solutions existent (comme IPFS), mais la question demeure quant à la responsabilité liée à la maintenance du NFT. Ceci entant exposé, la prise de conscience des risques potentiels, poussent les plateformes et créateurs à prendre une position active à ce sujet et à se prémunir, au maximum, des risques encourus.

La situation des NFT en 2022

Le marché des NFT ne cesse de grandir et compte un très large éventail d’intervenants. Les projets et les utilisateurs sont de plus en plus nombreux et chaque jour voit naitre une nouvelle idée, une nouvelle collection ou une nouvelle plateforme. Alors que l’accélération de début 2021 portait essentiellement sur les collectibles (images à collectionner, généralement au format PFP), le secteur connaît désormais en 2022 une plus grande diversité de supports et services. L’ensemble est souvent renommé ou englobé sous l’acronyme Web3 qui caractérise un changement de paradigme en opposition au Web2.

L’écosystème est actuellement en plein essor dans de nombreux secteurs d’activités : les jeux vidéo, le sport, la mode, la musique tout en restant très plébiscité dans le secteur de l’art. Notons que les NFT sont néanmoins de plus en plus utilitaires. Ils octroient des avantages et ont un usage spécifique qui dépasse la simple collection. Il existe différent type de NFT dans chacun des secteurs susmentionnés. Dans l’art, ils peuvent être unique (art 1/1), génératif (Generative Art — généré aléatoirement selon plusieurs calques) mais également génératif on-chain (dont les créations sont totalement décentralisées et immuables grâce à Art Blocks par exemple). Les secteurs d’activité se superposent parfois même autour des NFT. C’est le cas, par exemple, entre The Sandbox (Metaverse – Jeux vidéo) et certaines collections artistiques (Generative Art). Des NFT de collections notoires (BAYC entre autres), dont The Sandbox a la propriété, sont en effet affichés au sein même du Metaverse ! Les NFT sont également de plus en plus omnichain via le protocole LayerZero. Cela signifie qu’ils deviennent interopérables et transférables entre différentes blockchains. Ce transfert est facilité par la place de marché TofuNFT. Bien entendu, selon les secteurs d’activités, les NFT ont des cibles et objectifs différents.

Pour la supply chain (chaîne logistique) de C-Logistics (filiale logistique de de CDiscount), Ownest permet une traçabilité des colis et le suivi des transferts de responsabilité entre chaque maillon du parcours de livraison. Loin des NFT artistiques ! Dans le secteur du jeu vidéo, un NFT représente généralement un objet (item) in game. L’achat d’un NFT dans un jeu octroie la propriété de l’objet et confère un certain nombre d’avantages réservés à son propriétaire. Ils permettent généralement et en sus d’être rémunéré en jouant (play to earn — P2E). Entre carte à collectionner et jeu de football, Sorare vous permet d’acheter des cartes de joueurs et de les utiliser tout au long de la carrière desdits joueurs ! D’autre part, les NFT sont de plus en plus utilitaires (utility-driven) ! Cela signifie qu’ils s’utilisent dans la vie réelle (IRL). Sur Stepn par exemple, vos NFT de baskets virtuelles rémunèrent vos sorties et vos courses à pieds. Ils peuvent également être synonyme de « golden ticket » permettant aux détenteurs d’accéder à des opportunités exclusives avec des créateurs et des artistes. Les applications ne cessent de s’étendre et il existe aujourd’hui un nombre incalculable d’intervenants pour de multiple secteurs d’activité.

 

Kevin HA | kha.eth | kevinha.tez

Digital ❤️, 🏃🏻. Web1 ✔️, Web2 ✔️, vers le Web3. Gluten et Lactose free mais avec un peu de PSG. Président — CEO Cotton Bird - E-Commerce, Atelier de papeterie pour événements heureux. CA 20M. Ex. Collaborateur Parlementaire LREM. Ex. Directeur Général Délégué Alice's Garden - E-Commerce, Grand importateur d'équipement d'extérieur. CA : 55M (2019). #NFT 🖼 #WEB3

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