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Introduction à la Tokenomics

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 10 janvier 2023 - 6 minutes de lecture

Point central de tout projet Web3, la tokenomics est une notion encore très largement méconnue. Dans cet article, nous vous présentons les notions de base pour comprendre l’économie des jetons et son importance dans les projets Web3.

Tokenomics, tokenomy : définition

La Tokenomics est la contraction des termes « Token » pour « Jeton » et « Economics » pour « la science économique » : il s’agit de de l’étude des modèles d’une économie régit par des jetons numériques. Pour être précis, Thomas Cadorel de Supra Futura distingue la « tokenomics » comme la matière (science économique) de la « tokenomy », en tant que modèle (une économie) appliqué à un projet Web3.

Dans cet article nous utiliserons le terme tokenomics sans distinction avec tokenomy, pour simplifier la compréhension.

La tokenomics s’intéresse donc à l’ensemble des sous-jacents mis en place pour créer, répartir distribuer les tokens ainsi que les mécanismes de motivation qui influencent les actions des utilisateurs.

Ainsi, dans tout projet Web3, l’étude de sa tokenomics devrait faire partie du processus de DYOR (Do Your Own Research) ou plus communément appelé « Due Diligence » dans le jargon juridico-financier. Généralement, on s’intéresse au whitepaper, à l’équipe et autres indicateurs pour identifier les « Red Flags », c’est-à-dire les alertes (vous pouvez consulter notre guide à ce sujet), moins à la tokenomics des projets. Essayons de combler cette lacune !

Pourquoi créer un token ?

La question mérite largement d’être posée, notamment au regard de la folie ICO des années précédentes. Soyons clairs, voire brutaux : la majorité des projets qui lance un token a pour seul objectif de se financer (et pour les pires, de rug pull). D’ailleurs, si un projet vous propose « d’investir » littéralement dedans (au sens premier du terme), c’est que l’incitation financière prévaut. Analysez alors le projet comme tel : est-ce que cet actif correspond à mon profil d’investisseur et mon objectif ?

Pour qu’un projet soit durable, la création du token doit reposer sur une tokenomics durable. Pour cela, il faut comprendre l’intérêt de créer un token : ce dernier est en fait un véhicule qui capte la valeur créée par le projet. A l’instar d’une monnaie réelle, un token doit avoir une valeur inhérente au projet auquel ilest adossé.

Ce véhicule, qu’est le token, peut donc revêtir de nombreuses utilités :

  • Payer
  • Tokeniser
  • Utiliser un service
  • Accéder à des fonctionnalités supplémentaires
  • Voter etc.

Qu’est-ce qu’une bonne tokenomics ?

Question simple, réponse difficile : tout dépend des objectifs du projet.

Pour analyser une tokenomics, nous vous proposons une série de questions :

  1. Quels sont les sous-jacents du token ? Y’a t-il du collatéral qui garantie une partie de la valeur ? SI oui, comment est-il constitué ? Sinon, quels sont les usages ?
  2. Le token possède-t-il une véritable valeur d’usage ? La valorisation financière est secondaire mais importante car c’est aussi une preuve de la popularité du projet. Sur ce point, la stabilité et la croissance du prix sont des indicateurs plus pertinents que le prix en lui-même
  3. Les incitations financières sont-elles équilibrées ?
  4. Sur quoi reposent les incitations sociales ? Reposent-elles uniquement sur le sentiment d’appartenance (FOMO ou club privé) ? Le droit de vote a-t-il un impact réel ? Quel est le champ d’intervention dans la gouvernance ?
  5. Comment est répartie la distribution et notamment, le processus de lancement ? Une période de pre-sale existe-t-elle ? Favorise t-elle les early adopters ou seulement les créateurs et leurs entourage ? Est-ce une libération complète dès le départ ou un mécanisme de « vesting » est mis en place (le vesting consiste en une libération progressive. Elle permet notamment de retenir les fondateurs ou premiers utilisateurs à vendre rapidement leurs tokens) ? Qui détient combien ?
  6. Comment est définie la « supply » (le nombre de token en circulation) ? Est-elle fixe ou illimité (capée ou non) ? Des mécanismes déflationnistes existent-ils ?
  7. Florent Thurin de Stendhal.ai nous indique qu’une bonne tokenomics doit également prévoir les externalités potentielles et les anticiper
  8. Les mécanismes propres aux économies tokenisées tel que le burn, le halving, etc.. s’apprécient au cas par cas.

De fait, une tokenomics s’apprécie selon l’industrie (un jeu vidéo n’est pas un DEX (Decentralized Exchange), qui n’est pas un AMM (Automated Market Maket) et les objectifs du projet. La tokenomics est une science du détail.

La blockchain et le code font la loi

A la grande différence des économies réelles, une tokenomics est soumise aux règles de la blockchain.

Par définition, tout est transparent : chaque transaction, mouvement est inscrit et facilement traçable dans le réseau.

De plus, les règles sont inscrites dans le code et donc, consultables par tous. D’une part, cela participe à la transparence. D’autre part, à moins de changer le code, tout est prévisible puisque le code s’exécute dès lors que les règles sont respectées.

On peut avoir tendance à penser qu’étant programmé, les modèles sont immuables. Ce n’est pas le cas puisqu’évidemment, les règles peuvent changer, les modèles évoluer. Dans ce cas, le code évolue dans le même sens.

Par ailleurs, dans une économie numérique, chaque action prend effet immédiatement. Il n’y a pas de latence entre une décision, son application et ses effets. C’est diamétralement opposé à une décision de politique monétaire par exemple.

Conclusion

Matière récente mais centrale dans le Web3, la tokenomics peut se résumer à une macro-économie dans un projet micro-économique : c’est le modèle général qui régit autant la valeur et la circulation du jeton émis que le comportement des agents qui utilisent ce jeton.

Pour comprendre la tokenomics d’un projet, il faut évidemment des compétences en économie et en finance traditionnels mais aussi, des connaissances dans la blockchain. En effet, selon Florent Thurin et Thomas Cadorel, tout est encore à l’état de POC (« Proof Of Concept », sauf pour Bitcoin qui aujourd’hui, a prouvé sa résilience mais avec un modèle et un objectif « simple ») et la puissance du Web3 réside dans son côté virtuel.

La tokenomics va probablement se détacher des contraintes réelles auxquelles sont soumises les économies réelles. Dès lors que les tokenomistes auront parfaitement intégrer ce changement de paradigme, il sera nécessaire de penser au-delà des concepts d’économie classique.

Le Web3 évolue très vite et à chaque projet qui apparait, qu’il échoue ou qu’il réussisse, son modèle peut être forké pour l’améliorer. Sans être un expert, il est ainsi important d’être attentif à la tokenomics pour s’assurer de la pérennité d’un projet ou du moins, faire correctement ses devoirs.

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 à 16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB 🥋, Muay Thaï 🥊) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH 🤓 Trop curieux pour être simplement ce qu'on attend de moi.

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