# 🎤 — Let's talk

Let’s talk – Renate Frotscher : du numérique à la céramique au crypto-art

Par Dominique PRASIVORAVONG , le 22 septembre 2022 - 10 minutes de lecture

Les NFT sont-ils condamnés à être considérés comme des images hors de prix ? Malgré une exposition quotidienne à la création numérique, sa reconnaissance au rang d’art reste difficile. Par ailleurs, le crypto-art reste encore peu accessible au grand public. Quand sera-t-il adopté ?

Peut-être que cela viendra d’un pont entre le réel et le virtuel ? En possédant un objet physique décoratif, son jumeau numérique vous parlera sûrement plus. Saviez-vous qu’une statue physique pouvait avoir un double numérique authentifié sur une blockchain ?

Après la présentation du projet « 1500 grammes of clay », nous avons interviewé Renate Frotscher, artiste céramiste et designer digital au CV étoffé. Lauréate de concours prestigieux tels que le Tech Media Europe Award, Best retail, le Golden SAM Award, l’IF Design Award (Silver), le Reddot Award, elle s’est tournée vers le Web3 pour donner une vie nouvelle à ses céramiques physiques. Actrice du crypto-art 3D interactif, elle s’est confiée à notre micro.

Découvrez Renate dans ce nouveau Let’s Talk ! 🎤

Let’s Talk !

Renate, peux-tu te présenter succinctement ?

Originaire des Pays-Bas, je suis dans le numérique depuis toujours. Issue d’une formation artistique à la Willem de Kooning Academie, j’ai choisi la voie du multimédia dès le début. On utilisait Photoshop sur des disquettes 3,5’’ ! 😂

Très vite, j’ai travaillé en agence pour créer les 1ers sites web de clients tels que Albert Heijn, les 3 Suisses, La Redoute ou dans l’art et la culture comme le musée De Kunsthal.

En tant que designer, je passe l’essentiel de mon temps derrière un écran. Aussi, depuis une dizaine d’années, j’ai ressenti le besoin de travailler avec mes mains, de créer en dehors du numérique.

J’ai commencé par le papier, en réalisant des Kirigami. Cependant, le caractère éphémère du papier me gênait et je me suis alors tournée vers l’argile.

Depuis, la sculpture est mon mode d’expression privilégié… que j’ai inclus dans le numérique par le biais de la 3D et la blockchain.

Renate Frotscher – En chair et en polygones

Justement, comment as-tu découvert la blockchain et les NFT ?

C’est mon mari qui m’a initiée. Féru de décentralisation, il a découvert le Bitcoin et ses fondements à ses débuts. Puis, les NFT sont apparus. Lui-même artiste, passionné de technologie et de 3D, il a très vite intégré ces nouvelles technologies à sa démarche artistique.

C’est quelqu’un d’hyper enthousiaste et dès qu’il a quelque chose en tête, il en parle tout le temps.

 J’avais deux façons de réagir : l’ignorer, ce qui aurait désagréable à la longue 😅…. Alors j’ai décidé de m’y intéresser (et sans regret) !

Pour mieux te connaitre, peux-tu nous livrer tes coups de cœur Web3 ?

Le travail de Lapin Mignon 😍

Tout ce qu’elle fait m’inspire, on partage le même goût pour le steampunk, le néo-futurisme. Elle est ouverte et en travaillant ensemble, on trouve des idées nouvelles pour le projet Mignonverse, c’est motivant !

Renate Frostcher : du croquis à la statuette finale pour la 1ère fusée du projet Mignonverse

 

J’adore la collection Doodles, que j’ai découvert sur Dribbble, bien avant les NFT. Je dormais quand le mint a été lancé, en me réveillant la collection était sold-out 😭

Ton parcours est intéressant car tu es d’abord une créative rompue au digital et tu as ensuite dévié vers la céramique. Peux-tu nous dire ce qui t’a amené vers cette voie ?

Avec près de 30 ans d’expérience professionnelle et des heures passées dans le numérique, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose de plus manuel. Il y a environ 10 ans, j’ai commencé les kirigami. Je démarrais par un modèle en 3D, que j’imprimais ensuite et découpais pour les monter.

J’ai toujours aimé le volume : partir d’une feuille plate ou d’une matière brute pour en faire une œuvre à toucher. A l’époque, c’était innovant alors qu’aujourd’hui, il y en a plein sur Etsy (Rire). Cependant, le papier est fragile donc, j’ai cherché une alternative plus durable.

 Après diverses expérimentations, j’ai choisi le grès que je trouve super pour les constructions et ça me plait énormément. Ça fait maintenant 3 ans que j’ai un four et que je suis à fond dans la céramique.

Puis, tu as pris le parti de digitaliser et tokeniser tes œuvres. Pourquoi et comment es-tu tombée dans la marmite du crypto-art ?

Mon mari (encore lui !) fait beaucoup de 3D et m’a mis sur cette voie.

Je trouve que cela permet de donner une autre vie à mes céramiques physiques. Dans un univers virtuel, mes NFT peuvent être très grands ou très petits ! En réel, je n’ai jamais fait une statue plus grande que moi, dans un metaverse c’est possible !

Par ailleurs, pour les créateurs, la blockchain permet de vendre directement ses œuvres, de pair à pair.

Nous sommes en relation directe avec les autres, les collectionneurs, sans intermédiaire.

 Pour les collectionneurs, elle permet de détenir réellement des œuvres, même si elles sont nativement et uniquement numériques.

 Pour ma part, je sépare bien les deux canaux : mes statues physiques et leur équivalent NFT ne parlent pas forcément aux mêmes personnes. Je me rends compte que les collectionneurs des uns ne sont pas forcément ceux des autres.

Aujourd’hui, mon équipement est double : un four… et un scanner 😊

Le talent associé à la magie de la 3D : une œuvre, plusieurs rendus grâce au volume

Nous t’avons découvert avec la série « Onesies », peux-tu nous en parler ?

Onesies s’inspire de petits personnages déguisés, avec une touche kawai. Ils ont tous la même base et forment la même unité. Chaque personnage a sa propre identité et représente un métier.

Ils sont reconnaissables avec leur bouche cachée, simplement munis de deux yeux et un nez. Je souhaite créer des personnages neutres en genre, auxquels tout le monde peut s’identifier.

J’aime beaucoup l’univers et les personnages de Anne-Sophie Gilloen et Stéphane Halleux, qui sont une source d’inspiration.

Batmenneke – Le super héros qui vit en chacun de nous. Le costume trop grand cache l’ambition qui sommeille dans l’enfant que nous sommes tous. Notons qu’il possède une bouche ^^

Tu as déjà des galeries dans des metaverse, ces nouveaux espaces semblent beaucoup t’intéresser. Qu’est-ce qui te séduit dans les mondes 3D persistants ?

En fait, j’aime beaucoup la réalité augmentée et reste une vraie passionnée de numérique. C’était naturel de faire le lien entre réel et virtuel, je serai malheureuse si je ne faisais que de la céramique ou uniquement du digital.

Le fait de mélanger mes œuvres réelles dans le monde numérique est une superbe symbiose. Ça me semble naturel d’emmener mes personnages dans le virtuel. En scannant en 3D mon travail, j’intègre le physique aux mondes virtuels : toutes mes passions sont réunies 😍

Ce faisant, mes œuvres physiques, qui ont des contraintes telles que le poids, la fragilité, trouvent une forme de vie différente mais tout aussi intéressante. Les collectionneurs peuvent décorer leur espace virtuel avec mes NFT, comme les personnes qui achètent mes statues physiques les exhibent chez elles.

En termes de Réalité Augmentée (RA), mes NFT peuvent être affichés via Oncyber ou Spatial par exemple. Ce dernier possède même une option dédiée à la RA.

Ainsi, mes NFT 3D sont des œuvres prêtes pour le monde d’aujourd’hui comme celui de demain.

Dans la galerie Spatial.io de Renate Frotscher

As-tu des infos à nous donner quant à tes prochaines collections ?

Je ne peux rien donner de précis mais j’aime beaucoup l’univers de la science-fiction, le style néo-futuriste, souvent dystopique, exagéré. Des films comme « Mad Max » ou « Brazil » m’inspirent beaucoup. J’aime aussi beaucoup la BD.

Mes prochaines créations auront une « Renate’s touch », seront immédiatement reconnaissables. Avant, quand on me disait « c’est original », « c’est mignon », je ne savais pas toujours comment le prendre. Un peu comme un plat raté, « Hum, c’est original » 😝

Maintenant, je sais que c’est ma patte, mes détails significatifs

Pour terminer, peut-on s’attendre à des œuvres totalement digitales, sans équivalent physique dans un futur proche ?

Hum… pas vraiment !

D’une part, sculpter des statues en céramique permet de travailler finement les textures. En scannant, je capte cette finesse alors que si je le faisais sur un logiciel, le résultat serait moins bon… peut-être que je maitrise mieux la matière que les logiciels 3D ? (Rire)

D’autre part, le geste à la main permet d’avoir la bonne courbe, la forme attendue, tout en n’ayant pas d’option « annuler » comme sur un logiciel. Travailler avec les mains permet de lâcher prise, de laisser parler la matière et sa mémoire. Le lavage, la cuisson réservent également leur lot de surprises, et c’est aussi ce qui me plait. Il faut être patiente, créer une œuvre réelle prends facilement un mois.

Une fois la statue physique terminée, il y a la phase de scan 3D qui nécessite aussi beaucoup de post-production.

En fait, j’ai vraiment besoin de faire des œuvres physiques. Je m’épanouie différemment dans les deux mondes : pourquoi choisir ?

Conclusion

Nous espérons que cette interview vous permettra de découvrir une artiste polymorphe, talentueuse et curieuse, qui fait le pont entre de nombreuses dimensions :

  • Culturelle, entre la France et les Pays-Bas
  • Technique, entre la sculpture et la 3D
  • Spatiale, entre le réel et le numérique
  • Et même générationnelle, car il n’est pas nécessaire d’être un GenZ pour être dans le Web3

Le travail de Renate illustre bien l’usage concret et l’intérêt des NFT pour expérimenter et faire évoluer l’art.

Chez HelloToken, nous apprécions autant son travail que sa sympathie 🥰

Si vous voulez en savoir davantage, n’hésitez pas à consulter son site internet et ses galeries Oncyber et Spatial.

Lien(s) utile(s)

Site internet officiel

Twitter : @renatefrotscher

Instagram : @studiorenate

Collection « The Ceramic Experience » avec le projet 1500 grammes of gray sur Opensea

Notre présentation du projet « The Ceramic Experience »

Les oeuvres de Renate Frotscher

Dominique PRASIVORAVONG

Geek depuis (trop) longtemps, 1er PC : 286 à 16Mhz 🚀 Artiste martial (Taekwondo BB 🥋, Muay Thaï 🥊) #Sport #Bagarre. Amateur de tocantes ⌚ Accessoirement double profil Finance/RH 🤓 Trop curieux pour être simplement ce qu'on attend de moi.

Voir les publications de l'auteur

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera révisé par les administrateurs si besoin.